La Commission européenne doute toujours que la France ramènera son déficit public à 3% du PIB en 2015, malgré le plan de rigueur annoncé par le gouvernement de Manuel Valls et même si Bruxelles se montre plus optimiste que lors de ses prévisions précédentes. Dans ses dernières prévisions publiées avant-hier, l'exécutif européen table sur un déficit public de 3,4% pour la France l'année prochaine. C'est mieux qu'en février, quand elle prévoyait encore un déficit de 3,9%, mais encore loin de l'objectif de 3% du PIB brandi par le gouvernement. Le ministre des Finances Michel Sapin a immédiatement réaffirmé la "détermination" du gouvernement français "à réaliser les 50 milliards d'euros d'efforts d'économies nécessaires pour ramener le déficit à 3% du PIB en 2015". "Nos estimations montrent que le déficit français sera au-dessus de 3% en 2015 mais en même temps nous n'avons pas pris en compte l'engagement du gouvernement de ramener le déficit sous 3%" (et toutes les mesures annoncées avec, ndlr), a expliqué Siim Kallas, le commissaire européen en charge temporairement des dossiers économiques, lors d'une conférence de presse à Bruxelles. En l'état, la Commission a fondé son analyse sur une partie seulement des annonces du gouvernement de Manuel Valls, notamment le plan de rigueur de 50 milliards d'euros, avec pour mesure-clé le pacte de responsabilité proposé aux entreprises, qui doit stimuler l'emploi. Cette mesure a été incluse dans les estimations de la Commission, qui n'a en revanche pu prendre en compte certaines mesures d'économies annoncées ensuite, comme le gel des retraites. Rien qu'en 2015, Paris envisage de faire 21 milliards d'économies, même si l'exécutif européen n'a pu retenir que le chiffre de 17,5 milliards d'euros dans ses estimations, faute d'avoir eu dans les temps le plan détaillé de réformes de la France.
Prochain rendez-vous en juin Même si l'analyse de Bruxelles est incomplète, le ton reste prudent, l'exécutif européen voyant "plus de risques que la situation (des finances publiques françaises) se détériore que le contraire", résume une source européenne. En matière de déficit, "les risques vont dans le sens d'une dégradation", indique noir sur blanc le rapport de la Commission sur la France. "Parvenir à une réduction considérable du déficit dépend de la capacité du gouvernement a effectivement réduire la dépense publique", souligne la Commission, qui a refusé lundi de préconiser des mesures à la France. "Nous préparons notre réponse pour le 2 juin", a indiqué M. Kallas, en référence à la date des prochaines recommandations de la Commission européenne. C'est à ce moment-là qu'elle pourra faire une analyse plus complète de la situation de la France et des réformes engagées. De Bruxelles, où il doit assister à une réunion de la zone euro, M. Sapin a rappelé que les autorités européennes n'avaient pas encore en main le pacte de responsabilité. Le document sera remis mercredi même si le ministre va donner lundi à ses homologues des précisions sur cette mesure phare, qu'il considère comme la "participation" de la France "à la croissance européenne". A Bercy, on tentait par ailleurs d'expliquer l'écart entre les prévisions de la Commission et celle du gouvernement. Premier élément: la Commission est moins optimiste que la France pour la croissance 2015; elle table sur +1,5%, là ou Paris envisage une croissance de 1,7%. Autre argument: "la Commission part d'un déficit de 3,9% cette année et nous de 3,8%". Malgré ces différences d'appréciation, Paris et Bruxelles ont "le même diagnostic d'une économie qui accélère et qui est soutenue par la pacte de responsabilité", faisait valoir le ministère, au lendemain de propos du président François Hollande voyant une reprise se dessiner dans l'Hexagone.