Les manifestants thaïlandais ont annoncé être prêts à former leur propre gouvernement, jugeant illégitime le gouvernement par intérim resté aux manettes malgré le limogeage de la Première ministre Yingluck Shinawatra. Demain, nous allons prendre des mesures pour nommer un nouveau gouvernement, a annoncé Akanat Promphan, porte-parole des manifestants. Le Premier ministre par intérim, Niwattumrong Boonsongpaisan, nommé mercredi, n'a aucune légitimité, a-t-il assuré, même si le cadre légal est respecté avec ce gouvernement par intérim. C'est en effet un homme du clan Shinawatra, proche de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, frère aîné de Yingluck et figure honnie des manifestants anti-gouvernementaux. Le but sera de trouver un gouvernement qui représente le peuple, a assuré le porte-parole, fidèle à l'idée d'un conseil du peuple, non élu. L'annonce de la liste de ce gouvernement dissident été faite lors d'une grande journée d'action hier, promise comme décisive par les manifestants. La défiance des manifestants vis-à-vis du système démocratique, et leur volonté de repousser les élections, suscite des craintes quant à leurs aspirations démocratiques. Ils sont soutenus par les élites proches du palais royal, qui voient le clan Shinawatra, qui remporte toutes les législatives depuis 2001, comme une menace à la monarchie, alors que le roi de Thaïlande est âgé de 86 ans. La Première ministre a été limogée mercredi par la Cour constitutionnelle après avoir fait face à un mouvement de rue depuis six mois. Les manifestants réclamaient sa tête mais aussi l'établissement d'un conseil du peuple non élu. Pour mettre fin sur le long terme à l'influence de son frère Thaksin Shinawatra, ancien chef de gouvernement renversé par un coup d'Etat en 2006. Depuis ce putsch, la Thaïlande est engluée dans un cycle de crises faisant descendre tour à tour dans la rue les ennemis et les partisans du milliardaire, qui reste malgré son exil le facteur de division du royaume. La crise en cours a déjà fait au moins 25 morts.
L'ex-Première ministre privée de vie politique pendant 5 ans Le Sénat pourrait interdire l'ex-Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra de vie politique pendant cinq ans, à la suite d'une décision de la commission anticorruption au lendemain de son limogeage. Elle risque une interdiction de vie politique pendant cinq ans, a déclaré un membre de la commission anticorruption, Vicha Mahakhun, lors d'une conférence de presse. En revanche, la vingtaine de membres de son gouvernement ayant échappé au limogeage mercredi ne sont pas touchés par cette procédure, a-t-il précisé. La Première ministre a été reconnue coupable par la Commission anticorruption de négligence dans le cadre d'un programme controversé de subvention aux riziculteurs. Le dossier sera sous peu transmis à la justice et dans le même temps transféré au Sénat. Le Sénat pourrait prendre une décision rapidement, empêchant dès lors Yingluck d'être tête de liste pour le parti Puea Thai aux législatives du 20 juillet. Le Sénat a déjà par le passé privé de vie politique pendant cinq ans des responsables proches de Thaksin Shinawatra, frère de Yingluck qui reste le personnage central de la vie politique malgré son exil. Les partisans de Thaksin et de sa soeur Yingluck dénoncent une coalition des élites traditionnelles de Bangkok, nombreuses au sein des instances judiciaires et administratives, et partisanes de l'opposition.