L'ouverture, aujourd'hui à Alger, de la 17e Conférence des ministres des Affaires étrangères des pays membres du Mouvement des non-alignés (MNA), intervient dans un contexte international caractérisé par des changements d'une ampleur sans précédent et qui appellent ce mouvement à une réévaluation de son propre camp et de la situation internationale qui lui est souvent défavorable. Sous le thème " Solidarité renforcée pour la paix et la prospérité", cette conférence aspire à une paix qui ne rapproche pas de l'abîme. La paix ne peut être fondée sur les concepts de l'impérialisme, des sphères d'influence, de déséquilibre économique ou de rivalités dans la terreur des convoitises étrangères sur les matières premières du tiers-monde. Le but recherché est une paix pacifique à laquelle tout le monde participe pour le bien-être de l'humanité. Sur le plan économique, les non-alignés insuffisamment unis dans ce domaine, vivent sous l'emprise de l'expansionnisme des pays riches, conséquence des difficultés économiques et financières affectant la plupart de ces pays. Une véritable érosion, dans la mesure où certains Etats non-alignés continuent de privilégier les approches individuelles ou régionales dans leurs rapports avec les pays développés. C'est dire, comme le soutient l'Algérie, que la solidarité à laquelle aspire ce Mouvement ne devrait pas se limiter à la seule défense de ses positions politiques. Elle doit embrasser tous les champs d'action et tous les pôles d'intérêt, depuis les préoccupations humanitaires jusqu'aux questions économiques, culturelles, sociales et autres. La phase actuelle de consolidation des fondements du MNA, et la volonté de plus en plus affirmée de ses membres, de redonner un sens et un contenu à son action qui reste, du fait de sa composante nombreuse et diversifiée (117 membres), un cadre de dialogue et de concertation multilatérale privilégié et irremplaçable, qu'il faut préserver de toute tentative ou velléité de sabordage. C'est dire, toute l'importance de cette Conférence d'Alger, préparant le Sommet de 2015 et qui pourrait constituer un tournant décisif dans l'histoire des relations Sud-Nord. Devant cette perspective, l'Algérie, en abritant cette rencontre ministérielle, fera en sorte que le MNA retrouve sa cohésion et son unité d'action. A cet effet, les pays non-alignés doivent se mobiliser pour relever les défis qui constituent le parachèvement de la décolonisation, le règlement pacifique des conflits, le terrorisme, le développement économique et social, le désarmement, le droit à l'accès sans entraves aux technologies à des fins pacifiques de développement, la dette, l'éradication de la pauvreté et les épidémies. Il s'agit pour les non-alignés d'exiger que la gouvernance mondiale se solde par une portée vaste qui recouvre de nombreuses problématiques et non seulement les questions économiques. Le monde est confronté à des défis qui ont trait à sa sécurité, et d'autres qui sont d'ordre social et environnemental. La paix et la sécurité internationales continueront de figurer en tête des priorités de nombreux pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine. Car l'actuelle architecture internationale façonnée par les Occidentaux et les Etats-Unis, présidant aux modes de décision en matière de paix, de sécurité, d'équilibre économique et social, est dépassée et elle montre une plus grande résistance au changement des relations internationales.