Les dirigeants européens ont lancé une consultation sur les priorités futures de l'UE et sur les nominations à la tête des institutions, a annoncé le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, à l'issue d'un sommet. Deux jours après les élections européennes qui ont vu une poussée des europhobes, M. Van Rompuy a indiqué avoir reçu un mandat des chefs d'Etat et de gouvernement pour conduire des consultations avec le Parlement européen, les différents groupes parlementaires dès qu'ils seront constitués, ainsi qu'avec les dirigeants eux-mêmes. Elles doivent porter sur les nominations, à commencer par celle du président de la Commission, et sur les priorités pour les cinq prochaines années, a-t-il dit à l'issue d'un dîner de quatre heures entre les 28 à Bruxelles. M. Van Rompuy a souligné qu'il avait rencontré Jean-Claude Juncker, le candidat du PPE, le parti de centre-droit arrivé en tête des élections. C'est le PPE qui a gagné les élections, a indiqué le président français François Hollande, ajoutant que M. Van Rompuy devait regarder s'il y a la possibilité d'une majorité au Conseil et au Parlement. Il va vérifier si ces deux majorités existent et si ce n'est pas le cas, il reviendra devant le Conseil européen. Quant aux priorités, M. Van Rompuy a cité la croissance, la compétitivité et les emplois, le fonctionnement de l'union monétaire, la lutte contre le changement climatique, le projet d'une union de l'énergie et la lutte contre l'immigration illégale.
Hollande et Cameron se heurtent à Merkel Les dirigeants des Etats membres de l'UE ont entrepris de tirer les leçons des élections européennes et poser les bases de négociations ardues pour désigner le prochain président de la Commission. François Hollande et David Cameron souhaitent changer l'UE face à la vague europhobe mais ils se heurtent à Angela Merkel. Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE se sont retrouvés à Bruxelles pour répondre d'urgence à l'inquiétude, voire au rejet, exprimés dimanche. "Je veux que l'Europe change. Elle doit entendre ce qui s'est passé en France", a lancé le président français François Hollande en arrivant dans la capitale belge. "Un électeur sur quatre a voté pour l'extrême droite. Oui il y a un problème, mais pas seulement pour la France", a-t-il affirmé. "C'est aussi un problème pour l'Europe", a-t-il averti. Le Premier ministre britannique, David Cameron, a lui aussi réclamé une réforme de l'UE. "Elle est devenue trop grosse, trop autoritaire, trop intrusive", a-t-il tonné, exigeant une limitation des interventions de l'Europe "là où elles sont nécessaires".
Demande de Renzi Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a lui aussi estimé que "le moment est venu de changer les politiques européennes". Fort de son succès aux européennes, il demande une réponse européenne rapide et l'établissement d'un agenda d'actions européennes, pour la relance, l'emploi et la gestion des flux migratoires. La chancelière allemande Angela Merkel n'est pas forcément sur la même longueur d'onde. "Il s'agit de reconquérir les électeurs" qui se sont portés sur les extrêmes, a-t-elle expliqué lundi, affirmant qu'une "politique de compétitivité, de croissance et d'emplois est la meilleure réponse au mécontentement".
Nomination contestée La personnalité du successeur de José Manuel Barroso à la tête de la Commission établira la manière dont les dirigeants européens souhaitent répondre. Le candidat du Parti populaire européen (PPE, centre-droit), Jean-Claude Juncker, revendique le poste. Il a le soutien d'Angela Merkel, mais plusieurs dirigeants de droite refusent de le soutenir: M. Cameron, mais aussi des chefs de gouvernement PPE comme le Hongrois Viktor Orban et le Suédois Fredrik Reinfeldt.