La montée en flèche, dimanche, de l'extrême-droite au sein du parlement de l'Union européenne a brouillé les pistes aux dirigeants de l'instance qui entendent endiguer un tant soit peu l'étendue des europhobes notamment au sein des centres de décision. Ainsi, ils ont décidé, mardi dernier, de revoir les priorités de l'Union à la veille de la nomination du prochain président de la Commission lors d'une réunion à Bruxelles deux jours après la débâcle « europhile ». Ils ont donné « mandat » au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, pour « conduire des consultations avec le Parlement européen, les différents groupes parlementaires dès qu'ils seront constitués » ainsi qu'avec les dirigeants eux-mêmes. Ces consultations doivent porter « sur les nominations », à commencer par celle du président de la Commission, et sur les « priorités » pour les cinq prochaines années. Parmi ces priorités, Van Rompuy cite « la croissance, la compétitivité et l‘emploi », « une union monétaire qui fonctionne mieux » la lutte contre les « changements climatiques », le projet d'une « union de l'énergie » et le « combat contre l'immigration illégale ». Le chef du Parlement UE a, par ailleurs, souligné qu'il avait rencontré Jean-Claude Juncker, le candidat du PPE, le parti de centre-droit arrivé en tête des élections. Mais le choix du prochain chef de l'exécutif européen est encore loin d'être acquis. Fort de la position de premier parti du nouveau Parlement, avec 213 sièges sur 751, le candidat du Parti populaire européen (PPE, centre-droit), Jean-Claude Juncker, revendique le poste. Mais il lui faut former une majorité, et la seule possibilité pour l'atteindre est une grande coalition avec les socialistes (191 sièges), avec l'apport probable des libéraux (64). Et la tâche n'est pas des plus faciles étant donné que plusieurs dirigeants de droite refusent de le soutenir, à l'instar du conservateur britannique David Cameron et du libéral néerlandais Mark Rutte, mais aussi des chefs de gouvernement PPE comme le Hongrois Viktor Orban, le Suédois Fredrik Reinfeldt et le Finlandais Jyrki Katainen. La chancelière Angela Merkel, dont le rôle va être central dans ce processus, se montre prudents. « En tant que membre du PPE, j'ai soutenu Jean-Claude Juncker comme candidat à la présidence de la Commission. Mais je suis obligée de respecter les traités européens » a-t-elle déclaré, rappelant qu'il était hors de question que le choix soit imposé par le Parlement Facile ou pas, selon le Premier ministre irlandais, Enda Kenny, Van Rompuy devrait rendre compte de sa mission dans les deux à trois semaines.