Des centaines d'insurgés ont pris hier le contrôle de l'ensemble de la province de Ninive dans le nord de l'Irak. Ils occupent le siège du gouverneur, ainsi que des prisons et des télévisions. Le pouvoir en place n'est pas parvenu à freiner leur avancée. Le chef du Parlement Oussama al-Noujaïfi a annoncé la prise de cette province pétrolière sunnite dont le chef-lieu est Mossoul. Avec ses deux millions d'habitants c'est la deuxième ville du pays. Il a affirmé que les rebelles se dirigeaient vers la province voisine de Salaheddine, plus au sud, pour "l'envahir". M. Noujaïfi a souligné la "nécessité de mobiliser toutes les forces et d'alerter les dirigeants dans le monde pour faire face à cette offensive terroriste (...). Si on n'arrête pas cette offensive sur les frontières de Ninive, elle va s'étendre à tout l'Irak" a-t-il averti. Il n'a "aucun contact" avec le Premier ministre et chef de l'armée Nouri al-Maliki, a-t-il précisé. Situation chaotique Avant l'aube, des centaines d'hommes armés avaient lancé un assaut contre Mossoul. Après des combats avec l'armée et la police, ils ont notamment pris le contrôle du siège du gouverneur. Les insurgés ont diffusé via haut-parleurs qu'ils sont "venus pour libérer Mossoul et qu'ils combattront seulement ceux qui les attaqueront", a indiqué l'un de leurs responsables. C'est la première fois que les insurgés prennent toute une province dans le pays. Le groupe rebelle jihadiste de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) y contrôle Fallouja et plusieurs secteurs de la province occidentale d'Al-Anbar, voisine de Ninive. Ces succès de la rébellion témoignent de la situation sécuritaire chaotique en Irak. Le pays est secoué par les luttes d'influence politique, les tensions confessionnelles entre chiites et sunnites ainsi que par le conflit en Syrie voisine. "Menace pour la sécurité" Pour l'analyste politique Aziz Jabr, "la chute de Ninive constitue une menace dangereuse pour la sécurité nationale irakienne". Il semble selon lui, que "les directions militaires ont fui" les zones de combat, "ce qui montre qu'elles ont été infiltrées" par les rebelles. Le Premier ministre sortant et chef de l'armée Nouri al-Maliki, un chiite honni par les rebelles sunnites, est accusé de "dictateur" par ses détracteurs. Il ne s'est pas manifesté depuis l'intensification la semaine dernière des attaques rebelles notamment contre Mossoul.