L'armée irakienne a lancé l'assaut pour reprendre la ville de Tikrit, tenue depuis deux semaines par des insurgés sunnites de l'EIIL. Plus à l'ouest, à la frontière syrienne, les djihadistes devaient faire face à des attaques d'autres islamistes radicaux. Des milliers de soldats, appuyés par l'aviation, ont lancé l'offensive sur Tikrit, la ville de l'ancien dictateur Saddam Hussein située à 160 km au nord de Bagdad. Selon un porte-parole militaire qui s'est adressé à la presse à Bagdad, 29 "terroristes" ont été tués à Tikrit et le moral de leurs chefs commence à flancher. Selon le général Qassem Atta, conseilleur à la sécurité du Premier ministre Nouri al-Maliki, l'armée contrôle désormais la route menant de Bagdad à Samarra, au sud de Tikrit. Il y a une coordination avec les Etats-Unis "sur le terrain pour étudier les cibles importantes", a-t-il ajouté à la télévision, sans plus de détails.
Combats entre islamistes En Syrie, l'EIIL s'est attiré les foudres de la rébellion dans son ensemble, et des combats entre ces anciens alliés ont fait des milliers de morts depuis janvier. Dans un nouvel épisode de cet affrontement fratricide, des rebelles islamistes et le Front al-Nosra - la branche syrienne d'Al-Qaïda - ont lancé une attaque contre l'EIIL pour les chasser de Boukamal, principale localité syrienne à la frontière avec l'Irak. Dans le nord du pays, en revanche, des combattants sunnites ont avancé dans la région de Mossoul. Ils ont pris six villages habités par la minorité chiite shabak à l'issue de combats avec les peshmergas kurdes qui tentaient de sécuriser la région, a annoncé vendredi un élu de cette communauté. Une explosion a par ailleurs fait onze blessés dans une antenne du ministère de la Santé à Mossoul, selon un membre du personnel.
Avancée diplomatique Sur le front diplomatique, le roi Abdallah d'Arabie saoudite a promis au secrétaire d'Etat américain d'inviter les représentants de la communauté sunnite d'Irak à siéger dans un gouvernement élargi, a-t-on appris de source américaine. John Kerry semble ainsi avoir obtenu une concession de taille de la part du souverain saoudien, qui faisait jusqu'ici une question de principe de la mise à l'écart de M. Maliki, accusé de mettre les sunnites à l'écart.
Nouvel appel de Sistani Face à la menace, l'ayatollah Ali Al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d'Irak, a appelé vendredi les dirigeants à s'unir pour former un nouveau gouvernement afin de faire face à la crise. Il leur a ordonné de se mettre d'accord sur les noms du chef de l'Etat, du Premier ministre et du président du Parlement avant l'ouverture de la nouvelle session parlementaire.
Moscou ne restera pas les bras croisés face à l'offensive Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, a affirmé à Damas que son pays ne resterait pas les bras croisés face à l'offensive des djihadistes en Irak. La Russie ne restera pas les bras croisés face aux tentatives des groupes de propager le terrorisme dans les pays de la région, a déclaré M. Ryabkov lors d'une conférence de presse à l'issue d'un entretien avec le président syrien Bachar al-Assad. M. Ryabkov, dont le pays est le principal soutien du régime de M. Assad, répondait à une question sur l'offensive fulgurante du groupe ultra-radical de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ces dernières semaines dans le nord et l'ouest de l'Irak. La situation est très dangereuse en Irak et menace les fondements de l'Etat irakien, a poursuivi M. Ryabkov, dont les propos étaient traduits en arabe, tout en insistant qu'en Syrie comme en Irak, la solution ne pouvait venir que d'un véritable dialogue national. Interrogé sur la décision des Etats-Unis de soutenir l'opposition modérée armée en Syrie, M. Ryabkov a répété qu'il n'y avait pas d'alternative à la solution politique. Nous rejetons une telle politique américaine. Il est de l'intérêt de tous, y compris les Américains, d'adopter une position responsable concernant la crise syrienne, a-t-il ajouté. Le président américain Barack Obama a demandé au Congrès de débloquer 500 millions de dollars pour entraîner et équiper l'opposition modérée armée en Syrie, face à l'influence des extrémistes sunnites de l'EIIL en Syrie et dans l'Irak voisin. M. Ryabkov a enfin qualifié de décision responsable la remise par Damas de son arsenal d'armes chimiques à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), appelant Israël à adhérer au Traité de non-prolifération d'armes chimiques. De son côté, dans des déclarations à la presse, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad a critiqué les Etats-Unis pour leur aide aux rebelles syriens, que le régime de Damas considère comme des terroristes tout comme les djihadistes. Nous combattons le terrorisme. Ceux qui (parlent) de terrorisme modéré et non modéré se leurrent, a affirmé le responsable syrien. Le terrorisme va détruire la région et le monde si cette logique des Etats-Unis et de l'Europe perdure et s'ils poursuivent leur politique dans cette direction, a-t-il ajouté.