Les prix des viandes ayant pris des ailes, surtout durant le mois sacré de Ramadhan, de nombreux pères de famille de la wilaya de M'sila, une région pourtant réputée pour sa production abondante de viandes rouges, se rabattent sur la viande de dromadaire. Le kilogramme de filet, d'entrecôtes ou de steaks de camélidé dépasse très rarement les 800 dinars, soit le prix le plus bas de toutes les viandes rouges. Mais il serait faux de croire que le prix constitue l'unique motivation des M'silis. "Un steak épais de chamelon, accommodé à une sauce bien relevée, est un véritable délice", affirme Abdelkrim, un chef de famille d'une quarantaine d'années attendant patiemment son tour dans l'unique boucherie spécialisée dans la viande cameline, au marché couvert de la ville. Pas du tout surpris de voir que sa boutique est devenue un des lieux les plus courus du marché durant ce mois sacré où, d'ordinaire, l'on préfère l'agneau pour préparer la chorba du f'tour, Khaled, le propriétaire des lieux, avertit néanmoins : "Si le prix de la viande de dromadaire est aujourd'hui moins élevé, c'est tout simplement parce que la demande était plutôt relativement faible jusque-là, mais si la tendance actuelle venait à se poursuivre, il y a de fortes chances que le prix finisse par égaler celui de la viande de mouton ou de veau". En fait, il n'est pas aisé de distinguer la viande cameline des autres. En savourant n'importe quel plat concocté à base de viande de dromadaire, le consommateur ne se rendra jamais compte de la différence, selon Khaled. "A part un boucher professionnel ou un restaurateur aguerri, personne ne fera la différence", affirme-t-il avec assurance. Les ménagères de la région du Hodna préfèrent préparer leur fameuse "chekhchoukha" avec de la viande de chamelon, appelée, ici, "Makhloul". D'autres n'imaginent pas une "kefta" (boulettes en sauce) ou un bourek sans viande de dromadaire hachée. Dans la wilaya de M'sila, l'on reproche aux bouchers spécialisés une fâcheuse propension à sacrifier les animaux à un âge prématuré, ce qui risque, selon les responsables de la direction des services agricoles, de réduire davantage le cheptel camelin déjà mis à mal par les abattages illicites ou non organisés.