L'avocat de la terreur, le film de Barbet Schroeder, est plus qu'un simple portrait physique et moral de l'une des personnalités les plus controversées du monde de la jurisprudence, Jacques Vergès. D'une durée de 2h15, le documentaire questionne, retourne sur des images d'archives, donne à voir certains événement historiques oubliés ou inconnus par certains. Il faut une sacrée dose de concentration, de référence pour suivre ce film archiriche en informations rebondissantes et saisissantes. “ Je ne m'aime pas dans le film ” avoue Vergès présent à la projection, jeudi dernier, à la salle Ibn Zeïdoun de Riadh El Feth. “Je n'aime pas particulièrement les passages que je trouve longs sur Carlos, (le terroriste qu'il a défendu)- ” ajoute encore cet avocat qui a signé son premier acte de bravoure pendant la période coloniale où il a défendu la moudjahida, Djamila Bouhired alors condamnée à mort par l'armée française. Vergès sera, par la suite, l'époux de l'héroïne de la Bataille d'Alger, qui, jusqu'au jour d'aujourd'hui, refuse toute intervention publique, tout hommage et tout honneur. Récit dense et très bien documenté, L'avocat de la terreur, montre un Jacques Vergès à l'aise, racontant des anecdotes avec une rare intelligence et prenant des positions fermes par rapport à toutes les formes de colonialisme dont il a la hantise. “Je dénonce le colonialisme des Occidentaux, ces soi-disant maîtres du monde” s'écrit Jacques Vergès, en enchaînant : “Leur charte des droits de l'homme n'a été conçue et n'existe que pour eux” signale-t-il lors d'une rencontre avec la presse. Barbet Schroeder, un cinéaste connu pour exceller dans l'art d'approcher les personnages aussi ambigus que mystérieux à l'image de Jaqcues Vergès, fait parler longtemps l'avocat de 82 ans, sur, à la fois, sa carrière et ses prises de position ainsi que ses défenses qui ont fait de lui à un homme hors pair. Français né au Cambodge, Jacques Vergès a été le défenseur convaincu de toutes les “causes perdues ”. D'abord solidaire des Algériens et défenseur des militants du FLN algérien, l'avocat se consacre ensuite à la cause palestinienne puis disparaît durant huit ans - il a toujours entretenu le mystère sur cette période. L'un de ses plus spectaculaires engagements sera enfin la défense de Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo de Lyon. Dans ce film qui est monté tel un polar, il s'agit de se remettre dans l'ambiance des secrets d'Etat, d'espionnage, de lutte aveugle et sanglante où les idéaux sont parfois falsifiés. Intelligent, pédant, charismatique, cynique, Jaqcues Vergès est, certes, un personnage complexe, mais L'Avocat de la terreur n'a fait que montrer les paradoxes chez cet humain hors norme. Jacques Vergès reviendra en Algérie au mois de novembre prochain pour présenter son livre édité par l'Anep.