La Banque d'Angleterre (BoE) a refroidi les attentes du marché quant à une hausse de taux début 2015, souhaitant s'assurer de la qualité de la reprise avant tout resserrement monétaire. "L'économie britannique continue de progresser fortement", a noté le gouverneur de la BoE Mark Carney lors d'une conférence de presse, alors que la BoE a revu en hausse dans son nouveau rapport sur l'inflation publié mercredi sa prévision de croissance pour 2015, à 2,9% contre 2,7% auparavant. La banque centrale a en revanche laissé inchangées celles pour 2014 et 2016, à respectivement 3,4% et 2,8%. Grâce à la vigoureuse reprise de l'économie britannique, le chômage s'est nettement replié ces derniers mois, passant sous la barre des 7% fin février et s'établissant à 6,8% fin mars, soit son plus bas niveau en plus de cinq ans. La BoE avait lié en août toute réflexion sur une éventuelle remontée de son taux directeur (actuellement à 0,5%) au passage du chômage sous la barre des 7%. Mais devant le très rapide repli du chômage, elle a revu en février ses orientations monétaires et se base désormais sur un éventail plus large d'indicateurs économiques. Ainsi, le gouverneur de la BoE a de nouveau martelé mercredi que la trajectoire du taux directeur "dépendra de l'évolution de l'économie", notamment de la réduction des capacités inutilisées sur le marché du travail et des perspectives de l'inflation. "Garantir la reprise est comme passer les phases de qualification pour la Coupe du Monde. C'est une réussite mais pas le but final. Le tournoi commence tout juste et son prix est une croissance forte, soutenue et équilibrée", a illustré le Canadien, pour indiquer que la banque centrale n'était pas prête à relever ses taux dans l'immédiat. Et ce d'autant plus que la BoE s'attend à ce que l'inflation se maintienne proche de la cible de 2% au cours des deux prochaines années. Du coup, "le marché pourrait se tromper en attendant une hausse du taux d'intérêt dès le premier trimestre 2015", a jugé Samuel Tombs, économiste au cabinet Capital Economics. "Nous continuons de penser que les taux d'intérêt resteront inchangés jusqu'à la deuxième moitié de l'année prochaine", a-t-il ajouté. "Le ton général du rapport suggère que la BoE veut procéder avec prudence", ont abondé les économistes de RBS. M. Carney a ainsi de nouveau réaffirmé que toute augmentation du taux sera graduelle et limitée, afin qu'il reste à un faible niveau pendant un certain temps. Alors que plusieurs voix se sont élevées récemment pour s'inquiéter du gonflement d'une bulle immobilière au Royaume-Uni, Mark Carney a expliqué que la politique monétaire n'était "pas le bon outil" pour gérer la hausse des prix immobiliers. Cette question est d'abord du ressort du FPC (Comité de politique financière de la banque centrale), doté par le gouvernement de plus de pouvoirs pour évaluer un éventuel risque de surchauffe et dont la prochaine réunion aura lieu le 17 juin. Par ailleurs, le taux de chômage a encore baissé au Royaume-Uni, en s'établissant à 6,8% sur la période de trois mois achevée fin mars, a annoncé l'Office des statistiques nationales (ONS). Il n'avait pas été aussi bas depuis plus de cinq ans, en janvier 2009. Le nombre de personnes à la recherche d'un emploi a diminué à 2,209 millions fin mars contre 2,243 millions fin février, a précisé l'ONS dans son bulletin. Grâce à la vigoureuse reprise de l'économie britannique, le chômage s'est nettement replié ces derniers mois, passant sous la barre des 7% fin février. Ce seuil de 7% est scruté par les économistes depuis que la Banque d'Angleterre (BoE) s'est fixé en août cet objectif de taux de chômage avant d'entamer toute réflexion sur une hausse de son taux directeur. Mais face au repli plus rapide que prévu du chômage, elle a finalement élargi quelque peu en février les conditions d'un resserrement monétaire et fonde désormais sa trajectoire sur un éventail d'indicateurs plus large. La publication de ces nouveaux chiffres du chômage intervient alors que la Banque d'Angleterre dévoile son rapport trimestriel contenant ses nouvelles prévisions économiques.