L'année 2014 est désormais une année à oublier pour la compagnie nationale Air Algérie. En effet, les encablures répétitives durant cette année ont battu leur plein, à l'instar des tarifs très chers, aussi des retards et des annulations de vols. Pis encore, le crash d'un appareil affrété par cette entreprise au Mali a anéanti l'image de la compagnie. En outre, le service d'Air Algérie offert pour ses clients est loin de respecter les normes, ce qui a laissé la presse internationale, en général, et française, en particulier, sévèrement critique vis-à-vis de la compagnie aérienne nationale. Dans ce contexte, M. Mohamed Salah Boultif, P-DG de la compagnie nationale d'Air Algérie, a déclaré, hier, à l'APS, qu'une campagne médiatique dirigée contre sa compagnie, dont le dynamisme et l'agressivité commerciale, commencent "à inquiéter et à gêner", tout en montrant son inquiétude face aux attaques que subit le pavillon national depuis le crash du vol AH 5017 le 24 juillet au Mali, affirmant que sa compagnie qui s'est engagée dans une dynamique de développement commençait à " déranger la concurrence". Le P-DG a fait état qu'Air Algérie a réussi en l'espace de trois ans à capter 1,4 million de nouveaux passagers à l'international dans un environnement fortement concurrentiel et s'est lancée le défi de construire un hub aérien à Alger avec l'acquisition de 16 nouveaux avions d'ici à 2016 ; il a révélé également que "cette dynamique de développement inquiète à mon avis beaucoup de compagnies concurrentes". "Si cette campagne médiatique était dirigée contre le P-DG d'Air Algérie cela aurait été de moindre mal que si elle visait la compagnie elle-même. Oui la cible peut être les deux à la fois", a-t-il précisé. M. Boultif a reconnu que les crashs d'avions mettent souvent les responsables des compagnies aériennes "sous les feux de la rampe", contestant dans le même sillage les accusations de défaillance portées contre le pavillon national. Il a expliqué à ce titre que la compagnie Air Algérie "évoluait dans un environnement fortement réglementé". Elle est, a-t-il poursuivi, supervisée et auditée de façon permanente aussi bien par des institutions internationales, comme l'IATA, que par la direction de l'aviation civile algérienne relevant du ministère des Transports. "Je rassure tout le monde, le transport aérien en Algérie est fortement réglementé, contrôlé et audité", a affirmé M. Boultif à ce propos. Le premier responsable d'Air Algérie s'est dit "confiant" quant à l'avenir de sa compagnie qui devrait connaître un essor considérable avec la mise en œuvre du plan quinquennal 2013-2017, approuvé par le gouvernement. Ce plan a permis en 2013 à Air Algérie de regagner des parts de marché à l'international en les portant dans ce segment à 49% contre 47% en 2012, a-t-il précisé, affichant l'ambition de sa compagnie de devenir leader sur le marché national où opèrent plus de 25 compagnies aériennes internationales. D'après son P-DG, Air Algérie s'est lancée dans une dynamique de développement où la dimension humaine occupe une place "prépondérante", reconnaissant, toutefois, que sa compagnie est "en sureffectif". "J'ai hérité d'une situation: 50% de l'effectif représentent le personnel d'exécution, alors que dans une compagnie aérienne, il doit y avoir plus de cadres que d'agents d'exécution", a-t-il relevé. Les charges salariales viennent juste après celles du Kérosène alourdissant davantage les dépenses d'Air Algérie mais restent dans une moyenne plus au moins maîtrisable, a-t-il assuré.
Plus de peur que de mal Par ailleurs, M. Mohamed Salah Boultif s'est montré très rassurant en affirmant que sa compagnie est en mesure de passer avec succès tous les contrôles aériens internationaux, démentant des spéculations de la presse française faisant état d'une possible inscription de la compagnie algérienne dans la liste noire de l'aviation civile européenne. De tels écrits" rabaissent Air Algérie à un rang qui ne reflète pas l'importance du pavillon national", a-t-il signalé. La presse française a rapporté dernièrement que la reconduction du label "sécurité" de l'aviation civile internationale qui expire en décembre 2014 "n'est pas acquise" pour Air Algérie après le crash du vol AH 5017 au Mali. Si M. Boultif a reconnu qu'en 2009 sa compagnie avait échappé de peu à la liste noire de l'EASA, le gendarme de l'aviation civile européenne a cependant précisé qu'Air Algérie a depuis considérablement renforcé la sécurité de sa flotte en instituant deux contrôles internes de ses appareils. "Effectivement en 2009 on a été sous la loupe du contrôle SAFA (Safety assessment of foreign aircraft) de la commission européenne, mais la compagnie a pu fort heureusement se soustraire à cette menace", a-t-il indiqué. "Concernant le contrôle Safa il n'y a pas eu d'événements majeurs depuis 2009", a-t-il ajouté, notant que sa compagnie "obtient depuis 2010 de bonnes notes à chaque contrôle Safa" mené par l'EASA. Les efforts déployés par Air Algérie en matière de sécurité se sont soldés par la suppression en 2013 du contrôle systématique mené par l'EASA sur les avions algériens desservant l'Europe. Après le couac de 2009, Air Algérie a institué deux contrôles, dont l'un dénommé SANA, effectué par la direction de l'aviation civile du ministère des Transports. L'autre contrôle est un audit pré-vol mené par la compagnie aérienne elle-même, a expliqué M. Boultif. Le patron d'Air Algérie a voulu remettre les pendules à l'heure une bonne fois pour toutes: "Je ne vois pas en quoi Air Algérie est concernée par ce crash hormis le fait que cet avion a été affrété sous un numéro de vol d'Air Algérie", a-t-il tenu à préciser. "L'avion qui s'est écrasé n'est pas algérien, il est affrété auprès de Swiftair qui détient un AOC (airline operating certificate) espagnol", qui est en plus en conformité avec les normes européennes en la matière, a conclu M. Boultif.