Les cours du pétrole coté à New York ont fini en légère baisse avant-hier, pénalisés par un renforcement du dollar et des craintes sur la demande mondiale, en dépit d'inquiétudes sur le Moyen-Orient après des frappes sur des raffineries en Syrie. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en novembre a fini à 92,53 dollars, en baisse de 27 cents, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a fini à 97,00 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 5 cents par rapport à la clôture de mercredi. Les prix du WTI avaient pourtant entamé la séance en hausse, soutenus notamment par une baisse des réserves de brut aux Etats-Unis. Le Département de l'Energie des Etats-Unis a fait part mercredi d'un recul de 4,3 millions de barils lors de la semaine achevée le 19 septembre, alors que les experts interrogés tablaient sur une augmentation de 500'000 barils. Un recul est généralement considéré comme un bon signe pour la demande du pays le plus gourmand en brut de la planète. Mais "la vigueur du dollar a clairement pesé sur le marché", a relevé Carl Larry, de Oil Outlooks and Opinion. Le dollar a atteint jeudi un plus haut depuis presque deux ans face à l'euro (à 1,2697 dollar pour un euro) et restait proche de ses plus hauts en 6 ans face au yen. Et l'indice dollar ou "dollar index", qui mesure la valeur de la devise américaine face à un panier de devises grimpait jusqu'à des seuils plus atteints depuis quatre ans. Or, un billet vert plus fort rend les matières premières libellées dans la devise américaine plus coûteuses pour les investisseurs munis d'autres monnaies. Une prime de risque dans un contexte de craintes géopolitiques accrus a toutefois limité le recul des prix, "dans le sillage de nouvelles frappes des forces américaines et de ses alliés arabes contre les djihadistes de l'organisation Etat islamique en Syrie, ciblant notamment des raffineries", a indiqué Matt Smith, de Schneider Electric. Pour la première fois depuis le début des frappes en Syrie mardi, des avions de combat des Etats-Unis, d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis ont en effet frappé dans l'Est syrien 12 raffineries contrôlées par l'EI, qui constituent l'une de ses principales sources de revenu. D'après les estimations du Pentagone, le ministère de la Défense aux Etats-Unis, ces installations pétrolières génèrent environ deux millions de dollars par jour en revenus pour l'organisation sunnite extrémiste. En outre, malgré les combats en cours en Libye et en Irak, l'offre pétrolière de ces pays n'a pas été affectée et se redresse même dans le cas de la Libye, après avoir été bloquée pendant un an entre juillet 2013 et juillet 2014. De plus, les Etats-Unis produisent toutefois toujours plus de brut (quelque 8,867 millions de barils par jour (mbj), au plus haut depuis mars 1986), ce qui réduit leurs besoins d'importation et augmente d'autant l'offre énergétique sur le marché mondial. Face à cette offre abondante, la demande mondiale n'est pas très vaillante, sa croissance pour cette année et la suivante ayant été revue en baisse ces dernières semaines par les grands organismes mondiaux spécialisés dans l'énergie. En Asie, les cours du pétrole étaient en légère baisse dans les échanges matinaux malgré un net recul des stocks de brut aux Etats-Unis, les marchés étant dans l'attente de nouvelles données économiques en provenance de Washington. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en novembre perdait deux cents, à 92,78 dollars, tandis que le Brent de la mer du Nord pour livraison à la même échéance perdait 10 cents, à 96,85 dollars dans les échanges asiatiques.