Les cours du pétrole étaient en baisse hier dans les échanges matinaux en Asie, pénalisés par le déblocage progressif du secteur pétrolier libyen dans un marché dominé par l'offre. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en novembre perdait un cent, à 91,55 dollars, tandis que le Brent de la mer du Nord pour livraison à la même échéance perdait 32 cents, à 96,53 dollars dans les échanges asiatiques. Les prix étaient repartis à la hausse en début de semaine grâce à des données jugées encourageantes par les investisseurs sur la santé de la production manufacturière chinoise et à l'annonce des frappes américaines en Syrie, un producteur de brut. Toutefois, d'après le Wall Street Journal, la production dans le champ pétrolier de Charara, le plus important de Libye, a repris lundi et ces informations "ont ajouté aux inquiétudes dans un marché surabondant", a déclaré la United Overseas Bank de Singapour. Le secteur pétrolier libyen se débloque progressivement depuis un accord début juillet avec les rebelles qui entravaient son fonctionnement depuis l'été 2013. Parallèlement, les marchés attendent les dernières données sur les stocks de brut aux Etats-Unis qui devaient être publiées hier, considérées comme un baromètre de l'appétit énergétique du premier consommateur de brut au monde. Les analystes interrogés par le Wall Street Journal s'attendent à une augmentation des stocks de 500 000 barils pour la semaine s'achevant le 19 septembre. A la clôture la veille, les cours du pétrole ont légèrement rebondi mardi à New York, soutenus par une hausse de la prime de risque géopolitique après des frappes américaines en Syrie, un dollar moins fort et un indicateur chinois encourageant. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en novembre, dont c'était le premier jour de cotation, s'est apprécié de 69 cents, à 91,56 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a toutefois fini en baisse, à 96,85 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), cédant 12 cents par rapport à la clôture de la veille. "Pour la première fois depuis des semaines, il semble que le marché ait commencé à prendre en compte dans ses prix la hausse des risques géopolitiques et la nervosité des investisseurs vis-à-vis de ce qu'il se passe en Syrie", a expliqué Phil Flynn, de Price Futures Group. Aidés de leurs alliés arabes, les Etats-Unis ont pour la première fois attaqué mardi les djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie, ouvrant un nouveau front dans la guerre contre ce puissant groupe ultra radical cible de frappes en Irak. Le président américain Barack Obama a affirmé que son pays ferait "tout ce qui est nécessaire" pour vaincre l'EI, après cette première intervention étrangère en territoire syrien depuis le début de la guerre civile en 2011. Selon M. Flynn, le baril de Brent, coté à Londres, "a eu une réaction moins marquée, au niveau de ses prix, en raison de l'attente d'une nouvelle hausse de la production libyenne". Et "le marché se prépare à une éventuelle hausse de la demande en produits énergétiques américains en cas de perturbation de l'acheminement de l'offre au Moyen-Orient, ce qui soutient les prix du WTI", a-t-il poursuivi. Bien que l'exportation de brut américain soit interdite depuis les années 1970, dans le sillage du krach pétrolier de 1973, les Etats-Unis restent en effet habilités à exporter des produits raffinés. L'annonce de ces frappes a d'autre part entraîné un léger glissement de la valeur du billet vert face à un panier de devises (l'indice dollar ou "dollar index"), ce qui apportait aussi un peu de soutien aux prix des matières premières. En effet, un dollar moins cher rend plus accessible les achats de brut, libellés en dollars, pour les investisseurs munis d'autres devises. Du côté de la demande, "nous avons reçu d'assez bonnes nouvelles de la Chine au cours de la nuit, et bien qu'elles ne soient pas spectaculaires, cela laisse anticiper une demande énergétique un peu plus solide qu'attendu", a ajouté Bart Melek, de TD Securities. La production manufacturière chinoise a repris de la vigueur en septembre, a annoncé mardi la banque HSBC, offrant un répit à la deuxième économie mondiale confrontée à d'autres signes d'essoufflement. Les investisseurs du marché pétrolier surveillent attentivement l'évolution du géant asiatique, qui est le deuxième consommateur mondial de brut et l'un des principaux facteurs de croissance de la demande d'or noir dans le monde. Les opérateurs se préparaient enfin à la publication mercredi des statistiques hebdomadaires sur les stocks de pétrole aux Etats-Unis, considérées comme un baromètre de l'appétit énergétique du premier consommateur de brut au monde.