La croissance de l'activité privée s'est légèrement renforcée en octobre dans la zone euro mais la situation reste très fragile avec une France à la peine et des signaux négatifs en matière d'emploi et d'évolution des prix. Le PMI composite de la zone euro s'est établi à 52,2 en octobre, contre 52,0 le mois précédent, selon le cabinet Markit qui publie cet indice. Lorsqu'il dépasse les 50 points, cela signifie que l'activité progresse tandis qu'elle se replie s'il est inférieur à ce seuil. "Si l'indice se redresse en octobre, cette tendance masque une réalité plus inquiétante", souligne Chris Williamson, du cabinet Markit. "La croissance du volume des nouvelles affaires ralentit et s'inscrit à un niveau proche de la stagnation, tandis que le repli du volume du travail en attente s'accélère, entraînant une réduction des effectifs pour la première fois depuis près d'un an", poursuit l'économiste. Autre signe négatif: le taux de déflation des prix facturés atteint son plus haut niveau depuis le plus fort de la crise financière, venant étayer la vision de plus en plus pessimiste de la situation économique dans la région. "Si l'enquête semble indiquer que la zone euro a, pour l'heure, réussi à éviter un retour à la récession en 2014, on ne peut totalement exclure le risque d'une nouvelle contraction de l'activité au cours des mois à venir", estime M. Williamson, qui craint un affaiblissement de la croissance en fin d'année avec une intensification des pressions déflationnistes. Dans le secteur manufacturier comme pour les services, "les taux de croissance se maintiennent à un niveau historiquement bas et restent inférieurs aux moyennes enregistrées depuis le début de l'année", souligne Markit. Le PMI manufacturier s'est établi à 50,7 (contre 50,3) et celui des services à 52,4 (inchangé). Par pays, la situation reste particulièrement préoccupante en France, où l'activité globale recule pour le sixième mois consécutif, affichant son plus fort repli depuis février. Le PMI français s'est établi à 48 en octobre. Celui de l'Allemagne a progressé de 54,1 à 54,3. Ces chiffres montrent que "la croissance reste trop faible pour se reposer", estime Martin van Vliet, de la banque ING. Ils confirment que "la croissance va rester anémique", renchérit Johannes Gareis, de Natixis. "Au final, l'enquête PMI ne réduit pas vraiment le risque de voir la zone euro basculer en récession pour la troisième fois en six ans. Avec des gouvernements incapables ou n'ayant pas réussi à inverser la tendance, la pression est sur les épaules de la Banque centrale européenne (BCE), qui doit intensifier sa politique monétaire", estime Jennifer Mc Keown de Capital Economics.