Le nombre de chômeurs a légèrement reculé en mars dans la zone euro par rapport à février, avec un taux de chômage qui s'affiche à 11,8%, selon les chiffres publiés par l'office européen de statistiques Eurostat. La zone euro comptait en mars 18,913 millions de chômeurs, soit 22 000 de moins qu'en février. Le taux de 11,8%, en revanche, est stable depuis décembre, indique Eurostat, qui a révisé à la baisse les données des mois précédents. L'office européen de statistiques avait fait état d'un taux de chômage à 11,9% en février, et 12% en janvier, mais il procède régulièrement à des révisions de ses séries statistiques. Par rapport à mars 2013, la zone euro compte 316 000 chômeurs de moins. Un léger mieux, selon Howard Archer, d'IHS Global Insight. Mais pas de quoi pousser des cris de joie, pour les observateurs. Le chômage s'est stabilisé, mais à un très haut niveau, a déploré dans un communiqué le commissaire européen aux Affaires sociales, Laszlo Andor, soulignant que les nouveaux emplois proposés sont souvent à temps partiel, ce qui empêche beaucoup de personnes de travailler autant qu'elles le voudraient. A 11,8%, le taux de chômage de la zone euro a à peine reflué par rapport à son pic de 12%, observe pour sa part Martin Van Vliet, de la banque ING. Cela s'explique en partie parce que le chômage est à la traîne par rapport à l'évolution de l'économie: la reprise ne s'est pas encore répercutée sur le marché du travail, explique-t-il. Sans compter que la croissance reste trop faible pour générer suffisamment d'emplois. Parmi les Etats membres de l'union monétaire, les taux de chômage les plus faibles ont été enregistrés, sans surprise, en Autriche (4,9%), en Allemagne (5,1%) et au Luxembourg (6,1%). Les plus élevés, comme depuis de nombreux mois, ont été observés en Grèce (26,7% selon les derniers chiffres datant de janvier) et en Espagne (25,3%). En termes d'évolution du chômage, les hausses les plus marquées sur un an ont été enregistrées à Chypre, où le taux est passé de 14,8% à 17,4%, aux Pays-Bas (de 6,4% à 7,2%) et en Italie (de 12,0% à 12,7%). A l'inverse, les principales baisses ont été observées en Lettonie (de 13,9% à 11,6% entre les quatrièmes trimestres 2012 et 2013), au Portugal (de 17,4% à 15,2%) et en Irlande (de 13,7% à 11,8%). Sans citer ces deux derniers pays, Martin Van Vliet fait observer que la baisse du chômage observée dans certains pays de la périphérie reflète en grande partie le fait que le marché du travail s'est rétréci pour cause d'émigration. Le chômage des jeunes reflue légèrement: il touchait en mars 3,426 millions de personnes dans la zone euro, soit une diminution de 166 000 sur un an, ce qui correspond à un taux de chômage des jeunes de 23,7% (contre 24,0% un an plus tôt). Mais il reste un fléau en Grèce (56,8% en janvier) et en Espagne (53,9%), même si le taux a diminué légèrement sur un an dans ces deux pays. Les pays qui enregistrent le taux de chômage des jeunes le moins élevé sont l'Allemagne (7,8%), l'Autriche (9,5%) et les Pays-Bas (11,3%). A l'échelle de l'UE à 28, le chômage touchait en mars 25,699 millions de personnes, avec un taux à 10,5%. Le nombre de demandeurs d'emploi a diminué de 66 000 par rapport à février, et de 929 000 sur un an. Pour Howard Archer, en résumé, le chômage reste dangereusement élevé et il semble peu probable qu'il diminue de manière nette dans un proche avenir. Quant à Jonathan Loynes, de Capital Economics, il prédit que la mollesse généralisée du marché du travail dans la zone euro va accentuer les forces déflationnistes. Cela pourrait inciter la Banque centrale européenne à adopter une politique monétaire encore plus accommodante, selon Martin Van Vliet, même s'il ne s'attend pas à des annonces en ce sens dès sa prochaine réunion, le 8 mai à Bruxelles.
La reprise du secteur manufacturier s'étend La croissance du secteur manufacturier s'est confirmée en avril dans la zone euro et gagne désormais tous les pays de la région couverts par l'enquête même si la France reste à la traîne, a indiqué le cabinet Markit qui publie l'indice PMI. L'indice PMI manufacturier s'est établi en avril à 53,4, très légèrement en hausse par rapport à une première estimation à 53,3, a indiqué vendredi Markit. En mars, l'indice s'était établi à 53 points. Lorsqu'il dépasse les 50 points, cela signifie que l'activité progresse, tandis qu'elle se replie s'il est inférieur à ce seuil. Or, c'est la première fois depuis novembre 2007 que tous les pays couverts par l'enquête voient leur activité progresser, y compris la Grèce qui a renoué en avril avec la croissance (indice à 51,1). A noter également, "une hausse de la production et des nouvelles commandes dans l'ensemble de la zone euro au cours du mois", indique Markit dans un communiqué. Ces données laissent espérer une consolidation dans les mois prochains, avec des retombées positives sur la demande. "Reste maintenant à voir si cette hausse de la demande se traduira par un renforcement du pouvoir de tarification des fabricants, celui-ci restant faible du fait des excédents de capacité dans le secteur et d'un fort taux de chômage dans de nombreux pays", souligne Chris Williamson, économiste chez Markit. Dans le détail, l'Irlande reste en tête avec un indice à son plus haut niveau en plus de trois ans (38 mois) à 56,1 points. La croissance s'est également renforcée en Allemagne (54,1 points), en Italie (54 points) et en Autriche (51,4 points) tandis qu'elle a ralenti en France (51,2 points). "Les performances (du pays) sont nettement inférieures à celles de ses voisins européens, l'indice PMI français étant pour l'heure conforme à une croissance trimestrielle de moins de 0,5%", estime l'économiste de Markit. Selon lui, "cet écart tient essentiellement aux performances et à la compétitivité des entreprises sur les marchés étrangers, la forte croissance des ventes à l'export enregistrée en Espagne et en Italie au cours des derniers mois contrastant avec la médiocrité des exportations françaises".