Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en décembre a cédé 58 cents, à 80,54 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). «Le marché de l'énergie est à nouveau sur la défensive», a remarqué un analyste de Citi Futures. Dès l'ouverture à New York, les cours ont piqué du nez, ouvrant sous le seuil très surveillé des 80 dollars. «Le Japon a secoué le monde en annonçant cette nuit de nouvelles mesures de relance monétaire: on peut appeler cela la ‘surprise de Halloween'», a relevé un analyste de Price Futures Group, en référence à la populaire fête anglo-saxonne célébrée vendredi. En effet, «cela a créé une divergence entre le yen», la devise japonaise dont la valeur a été mécaniquement diluée par l'annonce d'un assouplissement monétaire, «et le dollar qui s'est envolé, poussant le brut sous le seuil des 80 dollars» le baril, a-t-il précisé. En effet, un billet vert plus fort tend à rendre moins intéressants les achats de matières premières, dont le pétrole, pour les investisseurs munis d'autres devises, et donc à peser sur la demande énergétique. La devise américaine évoluait ainsi vendredi à des niveaux inconnus depuis août 2012 face à l'euro et depuis décembre 2007 face au yen. Les annonces japonaises n'ont fait qu'accentuer sur le marché des changes une tendance haussière très nette portant le billet vert depuis mercredi, lorsque l'homologue américaine de la Banque du Japon (BoJ), la Banque centrale américaine (Fed), a mis un terme à son propre programme de rachats d'actifs. «Hormis le dollar plus fort, une offre plus qu'abondante continue de peser sur les prix du pétrole», ont expliqué les analystes de Commerzbank. «Les principaux pays de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ne veulent toujours pas réduire leur offre et renoncer à leurs parts de marché, donc il est de plus en plus improbable qu'un accord soit atteint pour réduire la production à la réunion de l'Opep dans quatre semaines», ont-ils poursuivi. Les douze pays membres de l'organisation doivent se réunir le 27 novembre à Vienne pour discuter de leur objectif commun de production, fixé à 30 millions de barils par jour depuis fin 2011. Sur un autre et malgré la chute des prix du pétrole, les entreprises américaines ExxonMobil et Chevron ont dégagé des bénéfices plus que ce qui était attendu durant les trois derniers mois en dépit de la chute des prix du pétrole. ExxonMobil a dégagé un bénéfice net de 8,07 milliards de dollars (+2,5%), tandis que les gains engrangés par son compatriote Chevron s'élèvent à 5,59 milliards de dollars (+13%). «En dépit du déclin des prix du brut, nos bénéfices trimestriels sont meilleurs qu'il y a un an», a lancé John Watson, le P-dg de Chevron. ExxonMobil et Chevron semblent ainsi échapper aux répercussions négatives de l'abondance actuelle de l'offre de brut qui pousse les prix à la baisse. ExxonMobil et Chevron tirent profit de leur modèle économique, qui les place à tous les échelons de l'industrie pétrolière: de l'exploration à la vente au consommateur via les stations à essence notamment. En effet, pour contrer l'effet négatif du pétrole à bas prix, le numéro un et le numéro deux américains de l'énergie se sont reposés sur «l'aval», le raffinage, dont les marges ont été conséquentes. Traditionnellement quand les prix du brut sont bas, les coûts de traitement sont allégés, ce qui bénéficie aux raffineurs. ExxonMobil a ainsi gagné 1,02 milliard de dollars dans le raffinage, en hausse de 73% sur un an, tandis que les bénéfices de Chevron dans cette activité ont presque quadruplé en un an pour passer de 380 millions de dollars à 1,39 milliard de dollars. Les prix du pétrole vendu à New York ont chuté de 14,18 dollars (-13,5%) sur les trois derniers mois et de 17,69 dollars (-15,7%) pour le Brent écoulé à Londres, en raison d'un boom des énergies non conventionnelles (pétrole et gaz de schiste) aux Etats-Unis, d'un ralentissement de la demande en Chine et de craintes sur la croissance en Europe. R. E.