Si l'année 2009 s'est achevée sur un bilan en demi-teinte pour les grandes majors pétrolières, ayant conduit au gel de nombreux projets d'investissements, 2010 s'annonce des plus optimistes. En effet, les cours du brut se maintiennent à des niveaux très acceptables (entre 70 et 80 dollars le baril), ce qui a non seulement dopé les résultats des compagnies pétrolières mais relance de fait les projets d'investissements en amont et en aval même si certains analystes préconisent la prudence quant aux prévisions de l'évolution de la demande en pétrole, tant que la reprise demeure fragile. Dans ce sens, Exxon Mobil a annoncé, hier, un bénéfice trimestriel exceptionnel, lequel a bondi de 85%, à 7,56 milliards de dollars, grâce à la hausse des cours du pétrole et à la remontée des marges de raffinage, tandis que celui de Royal Dutch Shell a grimpé de 34%, hors exceptionnels, à 4,21 milliards de dollars. Exxon a indiqué que sa production du deuxième trimestre avait atteint 4 millions de barils équivalent pétrole par jour (bepj), soit une hausse de 8% en glissement annuel. Le gain s'élève à 5% pour son rival Shell, avec 3,1 millions de bepj. "Le redressement de la production est désormais en bonne voie et devrait se renforcer, alors que de gros projets doivent entrer en action au cours des six prochains mois", soulignent les analystes de Petercam. Shell a néanmoins émis de prudentes prévisions sur l'évolution du contexte économique mondial et sur la demande de carburant. "Les perspectives demeurent incertaines", a déclaré le directeur général du groupe, Peter Voser. Pour sa part, Total a vu ses résultats progresser deuxième trimestre, grâce à la progression des prix du pétrole et à des marges de raffinage en légère progression tandis que sa production a augmenté de 8%. Le groupe, troisième compagnie pétrolière européenne par la capitalisation boursière derrière Royal Dutch Shell et BP, a indiqué dans un communiqué être confiant dans ses perspectives. Mais il a insisté sur la stabilisation des prix du pétrole autour de 75 dollars le baril depuis le début juillet et a fait état de marges de raffinage européennes en net retrait par rapport à celle du deuxième trimestre. Patrick de la Chevardière, son directeur financier, a confirmé lors d'une conférence téléphonique que le groupe visait une hausse de sa production de 2% en moyenne par an entre 2010 et 2014 et que la croissance de cette année devrait être supérieure à cette moyenne. "Nous nous attendons à enregistrer une hausse d'une année sur l'autre au second semestre, mais à un niveau moins élevé (que les 6% du premier semestre)", a-t-il ajouté, précisant que le groupe donnerait en septembre des indications sur ses perspectives de production pour 2011 et 2012. Patrick de la Chevardière a également déclaré que le groupe était ouvert "à toute opportunité" d'acquisition mais restait "prudent" dans ce domaine. De son côté, Chevron, numéro deux américain du pétrole, fait état d'un bénéfice triplé en glissement annuel à la faveur d'une hausse de la production. Chevron a dégagé un bénéfice de 5,4 milliards de dollars, ou 2,70 dollars par action, contre 1,75 milliard, ou 87 cents par titre, un an auparavant.