Un énorme potentiel mais des politiques souvent inefficaces. C'est le point sur lequel se sont penchés les participants à la conférence économique et sociale de la jeunesse. Qu'il s'agisse d'emploi ou de gestion des affaires locales, les jeunes ne constituent pas encore une priorité. Le secteur de l'Habitat a eu, hier, la part du lion, lors de ladite conférence. Avoir un logement est sans doute le rêve qui hante nos jeunes ! Et c'est loin d'être acquis pour eux, et ce, en dépit des multiples aides au logement. Entre autre, cette conférence s'est penchée sur de nombreux sujets qui touchent de loin ou de près cette catégorie de la société. C'est dans cette optique que les participants ont affirmé que le secteur de l'habitat s'est penché ces dernières années sur l'amélioration des conditions de travail et l'encouragement des jeunes à travailler dans ce secteur, dans le cadre d'une série de mesures tendant dans l'ensemble à donner une place beaucoup plus importante à la micro-entreprise et à l'entrepreneuriat des jeunes dans le bâtiment.
Parmi les mesures introduites en faveur des jeunes et les micro-entreprises relevant du secteur de l'habitat, un meilleur accès aux commandes publiques surtout pour les entreprises nouvellement créées dans le cadre des différents dispositifs, le développement de la sous-traitance mais aussi l'encouragement des jeunes à se former dans les différents métiers du bâtiment, a affirmé, hier, le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville. Dans une contribution rendue publique lundi à l'occasion de la conférence économique et sociale de la jeunesse, ce ministère a rappelé que les recommandations du séminaire national sur l'industrialisation du bâtiment tenu en octobre dernier, visaient aussi bien l'amélioration du rendement que des conditions de travail. Le séminaire avait souligné la nécessité d'industrialiser les différents composants des systèmes constructifs existants et les moderniser à travers la création de PME, PMI et Ansej spécialisées par corps de métier. Aussi, les recommandations proposent le développement du marché de la sous-traitance avec un encadrement dans le cadre du code des marchés publics et améliorer les conditions socioprofessionnelles de la main-d'œuvre du secteur pour permettre un meilleur rendement. D'autre part, en termes d'actions de lutte contre le chômage et de soutien aux programmes liés à l'emploi des jeunes diplômés et à la formation, "le cadre global de l'arrêté interministériel du 29 avril 2014 permet d'établir une grille de lecture et de saisir la cohérence des articles contenus dans l'arrêté". En effet, le décret présidentiel du 18 janvier 2012 modifiant et complétant le décret présidentiel du 7 octobre 2010 portant réglementation des marchés publics, a apporté des changements au code et de cibler la question concernant les microentreprises. "Lorsque certains besoins des services contractants peuvent être satisfaits par des microentreprises, telles que définies par la législation et la réglementation en vigueur, les services contractants doivent, sauf exception dûment justifiée, leur réserver exclusivement ces prestations, dans le respect des dispositions du décret", stipule l'article 5 de ce décret. Les besoins des services contractants sont, dans ce cadre, pris en charge par les micro-entreprises, pour lesquelles il leurs sera réservé une part de 20% au maximum de la commande publique. Parmi les mesures en faveur des micro-entreprises employant les jeunes, le service contractant ne doit exiger des microentreprises nouvellement créées, ne pouvant produire au moins le bilan financier de la première année d'existence, qu'un document de la banque ou de l'organisme financier concerné, justifiant leur situation financière. Pour le secteur du bâtiment, c'est dans ce cadre global que s'intègre le contenu de l'arrêté interministériel du 29 avril 2014 fixant les modalités d'octroi préférentiel de la commande publique aux microentreprises. Les recommandations relatives au Pacte national économique et social de croissance abordent dans le même sens. A cet effet les mesures prises par le secteur de l'Habitat en direction de la jeunesse et essentiellement des microentreprises et présentées lors de la 17e tripartite du 18 septembre 2014 avaient porté sur la prise en charge de la 58e recommandation du pacte, relative à la réduction de la bureaucratie. L'action en direction des jeunes porte aussi sur la délivrance systématique du certificat de qualification "catégorie1" à toute entreprise nouvellement créée y compris celles relevant des dispositifs Ansej et Cnac. L'adéquation formation-emploi dans le bâtiment était prise en charge par le biais d'un accord conclu entre le secteur de l'Habitat et celui de la Formation professionnelle sur la base d'un besoin de formation de 71.461 demandes réparties sur 18 corps de métiers à travers les 48 wilayas et l'introduction de 43 nouveaux corps de métiers dans la nomenclature des branches de la formation professionnelle. En septembre 2013, une convention-cadre a été convenue entre les deux secteurs à l'effet d'adapter l'offre de formation aux besoins du ministère de l'Habitat ciblant essentiellement à travers les nouveaux corps de métiers l'amélioration du rendement et le travail décent dans le bâtiment. En ce qui concerne la quote-part consacrée aux jeunes, il est réservé, dans tous les programmes de logements publics locatifs à attribuer, 40% aux postulants âgés de moins de 35 ans.
Pour une meilleure insertion des jeunes Cette Conférence vise en premier lieu, l'évaluation des efforts consentis par les différents secteurs impliqués dans la prise en charge de la jeunesse, notamment dans leur insertion professionnelle, selon les organisateurs. Il est attendu de cette rencontre dédiée exclusivement à la jeunesse, l'élaboration d'un plan d'action national établi sur la base des propositions qui seront formulées, durant ces deux jours de concertation, pour la mise en place de nouvelles politiques et dispositifs ou compléter les mécanismes actuels d'aide à l'insertion. La conférence aspire également à élaborer un "mémorandum pour l'insertion socioéconomique de la jeunesse", retraçant les conditions d'une insertion durable et réussie. A cet effet, quatre ateliers seront animés par les différents secteurs concernés notamment celui de l'emploi et de la formation professionnelle, pour un meilleur diagnostic des problèmes de la jeunesse et l'identification des priorités. Le premier atelier ayant pour thème "croissance et jeunesse" traitera des défis auxquels font face les jeunes Algériens qui les empêchent de s'épanouir et de faire profiter l'économie du pays de leurs potentiels. Il sera donc question de diagnostiquer le décalage existant entre le taux de chômage, qui ne cesse d'augmenter, avec le déficit de la main-d'œuvre dû à l'inadéquation entre la formation et les besoins du marché de l'emploi. Plusieurs actions seront proposées au débat dans cet atelier dont la création d'incubateurs pour l'accompagnement de la création, par les jeunes, de nouvelles entreprises ainsi que leur formation dans des activités à forte valeur ajoutée. Le deuxième atelier, "la diversité économique, l'utilisation spatiale de la jeunesse", est chargé de proposer la mise en place d'un cadre institutionnel pour stimuler la diversité économique, une question qui se pose à tous les pays producteurs du pétrole. L'atelier sur "la jeunesse et la valorisation des régions rurales-approche en termes d'agropole", sera quant à lui, chargé de débattre des richesses en force de travail dont disposent, si elles sont bien soutenues, les zones rurales et agricoles. Le quatrième atelier sera consacré au genre et égalité des chances entre les jeunes filles et les jeunes hommes, et vise à consolider durablement l'insertion équitable de la jeunesse.
Khomri insiste sur l'implication des jeunes dans le développement économique Le ministre de la Jeunesse, Abdelkader Khomri, a insisté sur la nécessité d'associer les jeunes dans le processus du développement économique à travers, notamment, la promotion des projets d'investissements initiés par cette frange de la population. Le ministre a indiqué lors de son allocution que l'approche liant la jeunesse à la croissance économique était un des choix de la politique du gouvernement pour le développement du pays. Cette approche est fondée, selon le ministre, sur la thèse quasi-doctrinale qui fait de la jeunesse la principale richesse de l'Algérie et le plus important facteur de sa croissance et de son développement. Il a alors rappelé que le programme du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, basé sur la réindustrialisation du tissu économique visait non seulement à relancer l'investissement public mais aussi à mettre en place toutes les conditions favorables à l'initiative privée. "Il s'agit d'une option que le gouvernement est en train d'en accélérer la cadence tout en optimisant le climat des affaires", a-t-il affirmé. Dans ce contexte, M. Khomri a réitéré la nécessité, pour l'Algérie de préparer l'après-pétrole tout en combinant trois facteurs que sont le développement humain, l'économie de marché et l'”tat social. "L'un des défis auquel nous devons apporter la réponse la plus appropriée consiste à réunir les conditions et les moyens nécessaires à un développement harmonieux et durable qui tienne compte de l'impératif stratégique, sinon de survie qu'est l'après-pétrole", a insisté le ministre. Il a proposé, à cet effet, de promouvoir la création d'entreprises par les jeunes dans les secteurs créateurs de richesse et d'emploi, en dehors du secteur des hydrocarbures, tels que l'agriculture, l'industrie, le tourisme et les services. Selon lui, les richesses naturelles dont dispose le pays conjuguées à la jeunesse fera de l'Algérie une puissance émergente à court terme. En outre, il a noté que la politique du gouvernement visant à mettre en œuvre tous les moyens fonciers, humains et financiers pour développer davantage le secteur agricole démontrait la "maturité de ce choix" quant à la préparation de l'après-pétrole. A souligner que cette conférence, à laquelle prennent part des associations de jeunesse, de jeunes entrepreneurs, des organisations patronales et des institutions en relation avec le soutien de l'emploi des jeunes, sera couronnée par des recommandations sur la prise en charge de la jeunesse notamment son implication dans le développement économique et la préparation de l'après-pétrole. Le développement local en tant que processus endogène porté par des acteurs locaux ne semble pas encore constituer un enjeu politique et économique, regrettent les experts. Les participants à la conférence nationale dédiée aux jeunes seront également appelés à réfléchir aux aspects liés aux différences entre les jeunes hommes et les jeunes filles en fonction de leur milieu urbain ou rural puisque ces différences, estime le rapport, "sont établies historiquement dans l'ordre social". Au terme de deux jours de discussion, les participants devront proposer de nouvelles politiques et dispositifs, voire des mécanismes pouvant compléter ceux existants déjà et amorcer l'élaboration du projet de rapport final mémorandum pour l'insertion socioéconomique de la jeunesse.