La Libye est en proie à un regain des violences notamment autour de la capitale Tripoli, où des raids aériens ont visé ces derniers jours l'aéroport de Mitiga, soulevant les inquiétudes de la communauté internationale qui a appelé à une solution politique. Trois ans après la chute du régime de Maâmmar El-Gueddafi en 2011 à l'issue d'un conflit de huit mois, les différentes milices l'ayant combattu imposent leur loi dans le pays plongé dans le chaos, et les autorités de transition n'ont pas réussi à former une armée et à asseoir leur autorité. Mardi, un nouveau raid aérien a visé l'aéroport de Mitiga, le seul en service à Tripoli, quelques heures seulement après une première attaque revendiquée par les forces loyales au général Haftar et au gouvernement reconnu par la communauté internationale. Selon une source à l'aéroport, le raid n'a pas causé de dégâts à l'infrastructure de l'aéroport, mais une maison à proximité a été gravement endommagée. Aucune victime n'a été signalée. Contrôlée par les milices de "Fajr Libya", une coalition hétéroclite, la base militaire de Mitiga, dans l'est de la capitale, a été ouverte au trafic civil après que l'aéroport international a été gravement endommagé par les combats entre milices l'été dernier. Seules les compagnies libyennes y opèrent.
La Libye livrée aux milices Tripoli est tombée en août aux mains de "Fajr Libya" qui en a chassé les milices rivales de Zentan qui à leur tour ont pris le contrôle de la localité de Kekla, une petite ville située à 120 km au sud-ouest de Tripoli, après plus d'un mois de combats meurtriers contre les éléments de Fajr Libya. Après s'être emparé de la capitale, Fajr Libya y a installé un gouvernement parallèle et a élargi ses opérations à l'ouest de la capitale. Les forces de Zentan avaient reçu il y a quelques semaines le soutien du gouvernement d'Abdallah al-Theni, qui affirmait que cette offensive sur Kekla était placée sous "commandement de l'armée" et visait à terme à "libérer Tripoli". Ainsi, l'armée nationale libyenne a affiché sa détermination à reprendre Tripoli, appelant les populations à rester loin des cibles militaires qu'elle va attaquer au cours de l'opération de libération de la capitale. Samedi, l'armée libyenne a déclaré que l'opération visant à reprendre Tripoli avait déjà commencé. Elle a mené récemment plusieurs batailles pour reprendre le contrôle de villes et villages perdus. Au cours des deux dernières semaines, de violents combats ont eu lieu à Benghazi (est), faisant au moins 356 morts. Face aux violences, le gouvernement et le Parlement reconnus par la communauté internationale ont dû fuir dans l'est du pays. Le Premier ministre libyen al-Theni avait exprimé sa disposition au dialogue, mais à condition que ses rivaux reconnaissent la légitimité du parlement issu des élections de juin et de son gouvernement et se retirent de la capitale pour permettre le retour de son cabinet.
Inquiète, l'ONU appelle à la fin des hostilités Face à la poursuite des violences en Libye, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est dit préoccupé par "la récente escalade de la violence en Libye, notamment après les frappes aériennes à Tripoli et à Benghazi et dans les montagnes de Nafousa dans l'ouest du pays", a indiqué son porte-parole dans un communiqué de presse. M. Ban a appelé "toutes les parties prenantes à mettre fin à ces attaques et à prévenir toute nouvelle escalade", se disant convaincu que "la seule façon de résoudre la crise actuelle est par le dialogue". Il a exprimé sa confiance en son représentant spécial, Bernardino Leon. Ce dernier avait appelé le chef du gouvernement reconnu par la communauté internationale, Abdallah al-Theni au dialogue avec ses rivaux. Mercredi lors d'une visite à Alger, le ministre britannique chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, Tobbias Ellwood, a indiqué que son pays et l'Algérie étaient pour une "solution politique" à la crise en Libye. De son côté, l'ambassadeur américain à Alger, Mme Joan A. Polaschik a souligné la veille qu'"il n'y a pas de solution militaire à la question libyenne", affirmant dans ce contexte l'engagement des Etats Unis en faveur d'une solution politique à la crise qui secoue ce pays.