L'activité manufacturière en Chine a ralenti en novembre, à son plus faible rythme de croissance depuis huit mois, a indiqué avant-hier le gouvernement, tandis que la banque HSBC faisait état d'une stagnation --des chiffres confirmant l'essoufflement de la deuxième économie mondiale. L'indice PMI des directeurs d'achat calculé par le Bureau national des statistiques (BNS) s'est établi pour le mois dernier à 50,3, contre 50,8 en octobre, a annoncé cette autorité gouvernementale dans un communiqué. Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l'activité manufacturière, tandis qu'un indice inférieur à ce seuil signale une contraction. L'indice officiel s'est établi en novembre à son plus faible niveau depuis mars dernier, et en-deçà de la prévision des économistes interrogés par le Wall Street Journal, qui tablaient sur 50,6. De son côté, l'indice PMI définitif calculé de façon distincte par la banque HSBC et également publié avant-hier était de 50,0 pour novembre --contre 50,4 en octobre--, au plus bas depuis mai et suggérant une stagnation de la production manufacturière. "La demande intérieure est sans élan, tandis que la progression des commandes à l'exportation ne cesse de ralentir. Les pressions déflationnistes restent fortes et le marché du travail perd en vigueur", a résumé Qu Hongbin, économiste de HSBC. "La faiblesse n'est pas cantonnée à la demande manufacturière intérieure, les exportations ont aussi souffert. A la lumière des indices PMI, il semble que l'activité industrielle dans son ensemble s'est encore refroidie davantage en novembre", a abondé Julian Evans-Pritchard, expert du cabinet Capital Economics. Ces indicateurs moroses interviennent peu de temps après l'annonce par la banque centrale chinoise (PBOC) d'une baisse de ses taux d'intérêts --mesure inédite depuis 2012-- dans l'espoir de doper une activité économique en désarroi et de contrer l'assombrissement de la conjoncture. La Chine a vu sa croissance économique ralentir à 7,3% au troisième trimestre de l'année, à son plus bas niveau depuis 2009 et les débuts de la crise financière mondiale. Des rafales d'indicateurs décevants ont mis en lumière ces derniers mois l'érosion de la production industrielle et de la consommation, mais également un affaiblissement des exportations, sur fond de refroidissement persistant dans l'immobilier. Les prix immobiliers dans 100 des principales métropoles chinoises ont reculé en novembre de 1,57% sur un an, en repli pour le septième mois consécutif, selon une étude indépendante diffusée dimanche par le cabinet China Index Academy. "L'intervention de la PBOC a échoué à revigorer la confiance des acteurs économiques, et on ne voit guère d'amélioration dans les statistiques publiées pour novembre", ont observé Liu Li-gang et Zhou Hao, analystes de la banque ANZ. "Si le secteur manufacturier continue de s'enfoncer, il est très improbable que la Chine parvienne à enregistrer au quatrième trimestre une croissance de 7,5%", ce qui est l'objectif annuel visé par Pékin, ont-ils poursuivi. Selon eux, les autorités devraient donc renforcer nettement d'ici à la fin décembre leurs mesures d'assouplissement monétaire et budgétaire: ils tablent ainsi sur des injections accrues de liquidités par la banque centrale dans le système financier. Mais "beaucoup placent des espoirs excessifs dans les effets de telles mesures de relance face au ralentissement structurel des investissements", a averti M. Evans-Pritchard, de Capital Economics. Pour lui, "la récente baisse des taux ne fera pas grand-chose pour doper l'activité économique si elle n'est pas suivie très vite par un assouplissement des contrôles sur le crédit -- que les dirigeants restent très réticents à relâcher". Pékin veut en effet éviter à tout prix une nouvelle envolée incontrôlée du crédit et des prêts bancaires, qui avait nourri ces dernières années une "finance de l'ombre" non régulée en-dehors des banques et avait fragilisé le système financier chinois.