Les importations par l'Algérie d'impressionnantes quantités de lait en poudre, 17% des quantités mises sur le marché mondial annuellement, se plaçant en seconde position après la Chine, ont constitué le point fort traité, hier, durant l'émission L'invité de la Rédaction de la chaine III de la Radio nationale, qui a reçu Abdelwahab Ziani, le Président de la Fédération Algérienne de l'agroalimentaire. Commentant les sommes investies par l'Etat pour ramener ce produit, M. Ziani indique que durant les seuls huit premiers mois de 2014, la facture aura représenté près de 1,5 milliard de dollars. Celui-ci fait ensuite état de l' " échec " de la politique instituée, depuis 2007, pour se débarrasser d'une lourde facture pour les finances nationales. " En sept années de travail, dit-il, nous en sommes toujours à poser la question de savoir qui doit faire quoi ". L'invité s'interroge ensuite pour savoir à qui doivent profiter les subventions accordées aux produits alimentaires importés : " à tous les Algériens, dit-il, ou bien aux ménagères algériennes qui n'arrivent pas à satisfaire aux besoins de leur famille ? " M. Ziani prévient que la facture laitière va continuer à augmenter " parce que, rappelle-t-il, la cherté des autres produits, telles les viandes rouges et blanches ", amène tout naturellement, les ménages modestes à se rabattre sur le lait en poudre recombiné. Faisant le constat de la politique destinée à développer le secteur laitier, il estime que les efforts ont été insuffisants. " En dépit des progrès réalisés ", ajoute-t-il, l'Algérie n'assure, actuellement, que seulement 18% des besoins de sa consommation. L'intervenant considère, d'autre part, que des politiques attendent toujours d'être mises en branle. " Tout comme l'a fait la Chine, dit-il, nous aurions, par exemple, pu investir à l'extérieur pour assurer notre approvisionnement en poudre de lait ". Faisant état de " bassins laitiers " ayant un excédent de production de lait, il révèle que d'importantes quantités de cet aliment continuent à être jetées " parce que nous n'avons pas d'équipements de séchage et que nous souffrons d'un manque d'organisation des activités de collecte ". Selon lui, il est possible de confectionner 1.000 tonnes de poudre de lait e " pour diminuer de 40% notre facture laitière ". Pour se résumer, le président de la Fédération de l'Agroalimentaire observe que le Trésor public subventionne " en masse " l'importation du lait, de cheptel laitier, les activités de collecte pour finalement obtenir un produit destiné à être transformé en yaourt, en fromage et non pas pour être consommé en l'état par les Algériens. Tranchant dans ses propos, M. Ziani propose que l'Etat subventionne le lait au profit des plus défavorisés et non pas pour tous les quarante millions d'Algériens. " Nous devons, dit-il, aider les plus démunis et non plus ceux qui possèdent des revenus conséquents ". L'Algérie, via l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), est l'un des plus grands importateurs mondiaux de poudre de lait, selon un communiqué de l'association des producteurs laitiers britanniques DairyCo, publié le mercredi 26 novembre dernier. L'Algérie est le 3e importateur mondial de poudre de lait écrémé et 2e mondial en ce qui concerne la poudre de lait entier, selon l'Observatoire algérien des filières agricoles et agroalimentaires (ONFAA). Le communiqué de DairyCo avançait même que la demande algérienne en la matière, représente 17% du commerce mondial de la poudre de lait durant ces 5 dernières années, faisant du pays l'un des plus importants acteurs mondiaux sur ce marché. En effet, l'Algérie utilise la poudre de lait non seulement pour la transformation en lait mais aussi pour la fabrication de yaourts et autres produits à base de lait (fromages etc.), contrairement aux pays européens, par exemple, qui ont plutôt recours à l'utilisation de lait frais.