Le commerce des métaux entre aujourd'hui dans une nouvelle ère avec la mise en circulation de mini-contrats électroniques sur les bourses de Londres et de New York. Mini parce que de plus petite taille que les contrats classiques, ils sont donc plus abordables aux firmes de négoce et surtout plus faciles à gérer dans le temps puisqu'ils sont mensuels et disponibles 24 heures sur 24 via le système de cotation électronique. Le fait que les deux grands marchés à terme des non-ferreux lancent ces nouveaux outils de gestion en même temps, témoigne de la lutte féroce entre les deux vénérables institutions pour attirer l'argent frais qui se déverse sur les marchés à terme de matières premières. La suprématie de la bourse européenne, le London Metal Exchange, va-t-elle vaciller pour autant ? C'est peu probable, car elle tire sa supériorité de son adéquation aux besoins des producteurs et de leurs clients. Même si les bases des contrats à terme des métaux cotés à Londres peuvent sembler désuètes -ainsi le contrat dure trois mois parce que cela correspond au temps nécessaire pour acheminer du cuivre du Chili jusqu'aux côtes britanniques-, elles continent à faire leur preuve. Autre avantage définitif de la place londonienne sur ses concurrentes du monde entier : les cotations sont basées sur des métaux physiques conservés dans des dépôts aux quatre coins du globe et livrables quand le contrat arrive à échéance. Outre Atlantique, le New York Mercantile Exchange, qu'on appelle communément le Nymex, revendique la première place mondiale pour l'échange des matières premières. Fondé à la fin du XIXe siècle par des laitiers de Manhattan pour commercialiser le beurre et le fromage, il assure maintenant la cotation du pétrole et du gaz, mais aussi de toute une série de métaux précieux. Les non-ferreux ne constituent qu'une part mineure de ses activités. Le cuivre coté à New York ne représente que 5% du commerce mondial du métal rouge, une part encore moindre pour l'aluminium. Si le Nymex se lance aujourd'hui dans les mini-contrats ce n'est pas tant pour aider les opérateurs du marché physique mais pour attirer les investisseurs cherchant à tirer la meilleure partie de la volatilité des cours. Les mini-contrats proposés à Londres comme à New York n'ont pas de contrepartie physique, ce sont de purs instruments financiers qui permettent surtout de spéculer. Pour rassurer les fonds, ils sont indexés sur les cours de référence fixés chaque jour à Londres au parquet, selon un rituel presque inchangé depuis l'ouverture de la bourse, il y a cent vingt-neuf ans.