L'Algérie vient d'afficher sa position envers le projet de l'Union méditerranéenne en se déclarant a priori favorable au projet d'Union méditerranéenne initié par le président français, Nicolas Sarkozy, "s'il vise à régénérer les cadres de coopération existants, comme le processus de Barcelone", c'est ce qui a été annoncé par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, au cours d'une conférence de presse tenue au terme de la visite de travail d'une journée à Bruxelles. Il a estimé qu'il est évident que si ce projet consiste à initier des projets de co-développement méditerranéens, l'Algérie ne peut qu'être d'accord. Cette déclaration intervient à la veille de la tournée de président français pour son projet portant Union méditerranéenne prévu ce mardi et sa visite officielle en Algérie prévue en décembre suite à l'invitation de chef de l'Etat après sa visite éclair à Alger en juillet dernier lors de laquelle il a demandé le soutien de l'Algérie à ce projet qui restait, selon l'entourage européen, sans détails pour le juger. C'est d'ailleurs ce qui a été affirmé par le représentant de l'Union européenne lors de sa visite en Algérie dernièrement dans le but de relancer le processus de Barcelone. En outre, M. Medelci a affirmé avoir perçu lors de la conférence ministérielle euro-méditerranéenne qui s'est tenue en début de semaine à Lisbonne, plus d'avis favorables que de critiques. Il prône une approche proactive des pays du sud de la Méditerranée, notamment des pays membres de l'Union du Maghreb arabe (UMA : Algérie, Maroc, Tunisie, Libye et Mauritanie) car selon le chef de la diplomatie algérienne "nous sommes tous interpellés des deux bords de la Méditerranée pour apporter quelque chose et construire ce projet". A ce titre, il a annoncé que les ministres des Affaires étrangères de l'UMA ont convenu d'inscrire ce point à l'ordre du jour de leur prochaine réunion le 30 novembre prochain à Rabat. Il a également indiqué que les ministres des Affaires étrangères de l'UMA ont rencontré les responsables de l'UE et convenu d'institutionnaliser ces rencontres sous ce format MAE de l'UMA et troïka européenne. Le ministre ne perçoit pas ce projet comme un risque pour le processus Barcelone et la Politique européenne de voisinage, au contraire, il vient un peu alimenter les autres processus ajoutant que c'est une étape supplémentaire. Il a ajouté que l'intérêt de l'Algérie est évident en expliquant que "ce qui sert les intérêts de notre région sert nos intérêts". Il a aussi plaidé pour un apport de l'Algérie à sa conception et pas seulement en tant que bénéficiaire. Soulignant que le processus de Barcelone a bien révélé que si chacun a compris qu'il a intérêt à être partie prenante, le projet marche. Enfin il a noté qu'il est possible de continuer à y réfléchir durant les mois qui viennent et approfondir ce projet tout en notant que l'appellation d'Union méditerranéenne pourrait bien aussi se transformer pour mieux couvrir cette envie de travailler davantage entre partenaires d'abord soucieux de protéger une mer commune des agressions écologiques et surtout co-développer l'ensemble de cette zone. L 'ambassadeur français chargé de ce projet, Alain le Roy, a souligné, jeudi à Paris, que cette nouvelle structure doit être bâtie sur des projets fédérateurs, sur le modèle de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), afin de franchir les obstacles et les antagonismes dans la région. Il a souligné que ce nouveau mécanisme de coopération régionale, qui sera élaboré sur une base partenariale, a pour ambition de rapprocher les économies des pays des deux rives de la Méditerranée, qui sont interdépendantes et complémentaires, en permettant d'augmenter les investissements du Nord vers le Sud. Et de faire remarquer, à cet égard, que l'Europe ne consacre que 1% des investissements en direction des pays de la rive sud de la Méditerranée, au moment où les investissements des Etats-Unis et du Japon vers "leurs propres Sud", avoisinent les 18 %. Concernant le format de cette nouvelle structure, il a souligné que tous les pays riverains de la Méditerranée sont invités à former le premier cercle de cette Union, dont le coup d'envoi sera donné en juin 2008 à Paris ou Marseille, en présence des chefs d'Etat et de gouvernement de la région. Il a expliqué que les autres pays non riverains de la Méditerranée auront un statut d'observateur, tandis que l'Union européenne, représentée par la Commission, serait membre à part entière de l'Union méditerranéenne, pour lui cette nouvelle structure serait une union de projets fondée sur des programmes concrets.