Les cours du pétrole limitaient la casse hier dans les échanges matinaux en Asie après la dégringolade des derniers jours dans la foulée du refus de l'Opep de réduire sa production d'or noir. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier perdait 66 cents, à 68,34 dollars tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance cédait lui 61 cents, à 71,93 dollars. "Un certain calme est de retour sur les marchés" après la plongée des cours à des plus bas de cinq ans pour le WTI comme pour le Brent. Pour Daniel Ang, analyste chez Phillip Futures à Singapour, "les prix restent volatiles, les marchés s'ajustent après la chute des cours de 10% la semaine dernière". Lundi à la clôture, le baril de WTI coté à New York et pour livraison à la même échéance a progressé de 2,85 dollars à 69,00 dollars. Il était descendu dans les échanges électroniques précédant l'ouverture officielle jusqu'à 63,72 dollars, son plus bas depuis juillet 2009. A Londres, le Brent a terminé en hausse de 2,39 dollars à 72,54 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), après être tombé en cours de séance jusqu'à 67,53 dollars, un niveau plus vu depuis octobre 2009. Cette dégringolade faisait suite à la décision jeudi de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de maintenir son plafond de production à 30 millions de barils par jour (mbj). Cette décision a été largement interprétée comme une réponse à la récente expansion du pétrole de schiste américain, un peu plus cher à exploiter mais qui grignote les parts de marché du cartel. Des indicateurs manufacturiers décevants en Chine et dans la zone euro publiés lundi ont dans un premier temps renforcé la tendance vers le bas. Dans le courant de la journée toutefois, le retour de nombreux opérateurs américains, absents jeudi et vendredi pour cause de fête annuelle de Thanksgiving, s'est accompagné d'un retournement du marché. Maintenant que l'Opep a déclaré une guerre des prix aux pays non membres du cartel en espérant que la chute des cours freine la progression de leur offre, les investisseurs se demandent si cela peut avoir un effet sur la croissance de la production américaine, a remarqué Andy Lipow de Lipow Oil Associates. Les Etats-Unis sont en effet passés d'une production moyenne de cinq millions de barils par jour (mbj) en 2008 à près de 8,4 mbj lors des seuls huit premiers mois de cette année, grâce à l'exploitation du pétrole de schiste. Surplus de croissance économique L'impact de cette croissance de la production se fait de manière indirecte, en réduisant de façon spectaculaire les besoins d'importations des Etats-Unis et en forçant leurs fournisseurs à se trouver d'autres débouchés. Dans l'immédiat, l'offre américaine va sûrement continuer à croître pendant encore au moins 12 à 18 mois au fur et à mesure que les investissements qui ont déjà été décidés vont se mettre en route, a-t-il avancé. Ensuite on commencera peut-être à voir un ralentissement de la croissance aux Etats-Unis, a ajouté le spécialiste, en soulignant que d'autres projets plus coûteux au Canada, dans l'Arctique ou au large des côtes du Brésil pourraient pâtir davantage de la chute des cours. Selon les experts de Capital Economics, les marchés ont ainsi simplement retrouvé leur calme après une forte dégringolade. Cette reprise a d'ailleurs du sens, notamment parce que cette apparente chute libre des prix du pétrole a été certainement exagérée par le manque d'activité sur les échanges, à cause du pont de Thanksgiving. La directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a qualifié la baisse des prix du baril de bonne nouvelle pour l'économie mondiale. Quand vous avez un déclin de 30% (...), cela devrait se traduire par un surplus (de croissance, ndlr) de 0,8% dans la plupart des économies avancées qui sont toutes des importatrices de pétrole, a-t-elle expliqué lors d'une table-ronde à Washington, ajoutant qu'elle aurait sans doute un autre point de vue si elle s'exprimait en Arabie saoudite, au Qatar ou Koweït. Les prix du brut ont baissé de manière spectaculaire et perdu environ 30% depuis juin. Or une offre de pétrole surabondante, combinée à une faible croissance de la demande, devrait selon les analystes continuer à peser sur les cours l'année prochaine. Il n'y a aucune fin en perspective pour cette baisse des prix du pétrole, puisqu'un énorme excédent d'offre, d'environ 1,5 million de barils par jour, est attendu pour le premier semestre 2015 et va continuer à peser sur les cours, ont ainsi noté les experts de Commerzbank.
Ryad satisfait de la décision de l'Opep L'Arabie saoudite, le plus grand producteur de brut dans le monde, s'est félicitée lundi de la décision de l'Opep de maintenir inchangé son plafond de production malgré une surabondance de l'offre et un effondrement des prix. Selon l'agence officielle Spa, le conseil des ministres a exprimé, au terme de sa réunion hebdomadaire, sa satisfaction de la décision (de l'Opep) qui reflète la cohésion, la solidarité et la prévoyance du cartel. Réunis jeudi à Vienne, les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont décidé de maintenir à 30 millions de barils par jour (mbj) leur niveau de production pour les six prochains mois, renonçant à réduire l'offre pour soutenir les cours. Les pétromonarchies du Golfe, conduites par l'Arabie saoudite, qui disposent de la plus grande marge de manœuvre financière au sein du cartel, ont dit non à certains pays, comme le Venezuela, qui voulaient réduire la production pour enrayer la tendance baissière des cours. Avec un objectif bien précis: empêcher l'essor du pétrole de schiste, plus cher à produire. Selon Spa, Ryad a souligné être soucieux de la stabilité du marché international et expliqué que sa politique pétrolière visait à réaliser ses intérêts économiques sur le court et le long termes, ainsi que ceux des autres producteurs et des consommateurs. Il a ajouté que la coopération entre les pays membres et non membres de l'Opep est une responsabilité commune pour stabiliser le marché international, toujours selon l'agence.