Alors que la semaine dernière il s'acheminait vers les 100 dollars, le pétrole se négociait, hier, sous les 96 dollars le baril. Vers 12h00 GMT, le WTI perdait 85 cents, soit 0,88%, à 95,51 dollars le baril. Le brut de la mer du Nord, pour sa part, cédait 43 cents, soit 0,46%, à 92,75 dollars. Cette détente des prix de l'or noir est à mettre à l'actif des déclarations des ministres saoudien et koweïtien du Pétrole qui ont indiqué, dimanche, que l'Opep allait examiner la possibilité d'une augmentation de la production du cartel, si nécessaire, pour freiner l'envolée des cours de brut sans, cependant, préciser à quelle réunion du cartel ils faisaient référence. L'Opep se réunit cette semaine à Riyad au niveau des chefs d'Etat de ses pays membres. Elle tient sa prochaine réunion ministérielle le 5 décembre à Abou Dhabi. Le ministre koweïtien, Mohammad Al-Olaim, a affirmé, lors d'une conférence de presse au cours d'une brève visite du ministre saoudien au Koweït, que l'Opep "n'hésitera pas à assumer ses responsabilités (...) s'il y a une raison d'augmenter la production, conformément aux données du marché". Même si le ministre saoudien, Ali Al-Nouaïmi, a précisé que "c'est encore prématuré de parler d'une augmentation de la production", l'éventualité évoquée d'une possible augmentation de production s'est ressentie sur le marché. "Si ces rumeurs (une augmentation de la production par l'Opep, ndlr) s'avèrent justes, on peut aisément imaginer que le "sweet light crude" recule à 80 dollars le baril avant la fin de l'année", a déduit Dennis Gartman, éditeur de la Gartman Letter. Doit-on donc conclure que par ces déclarations les ministres saoudien et koweïtien du Pétrole ont mis un frein à l'envolée des prix ? Reste qu'après avoir focalisé sur la réunion ministérielle du 5 décembre à Abou Dhabi, le marché ose espérer une décision lors du sommet des chefs d'Etats de cette semaine. Toutefois cette éventualité semble peu probable. Les ministres qatari et indonésien de l'Energie ont indiqué qu'ils n'attendaient pas de décision sur la production lors des discussions de Riyad. Par ailleurs, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, qui doit prendre la présidence du cartel en janvier 2008, a déclaré hier que le sommet de l'Opep de Riyad des 17 et 18 novembre cherchera à "approfondir le dialogue" avec les pays consommateurs et à stabiliser les prix. Dans un entretien à l'APS, M. Khelil a expliqué qu' "il y a une volonté (de l'Opep) de maintenir les prix du baril à un bon niveau, mais le marché dépend aussi de la géopolitique, de la faiblesse du dollar, des incertitudes et des conflits régionaux". Déplorant l'apparition depuis 2000 "d'un phénomène nouveau, à savoir la spéculation, qui est venue s'ajouter à d'autres facteurs de déstabilisation du marché", le ministre a ajouté que le sommet de Riyad "va probablement demander aux pays consommateurs d'aider à juguler le problème parce que le rôle des marchés financiers dans la volatilité du marché pétrolier est de plus en plus important". M. Khelil a également évoqué la faiblesse relative des réserves et de la production effective des pays pétroliers, non membres de l'Opep, qui n'ont pas, à son avis, suffisamment fait pour les développer. "Les pays non Opep n'ont pas rempli leurs objectifs de production. C'est l'un des problèmes qui a été posé par l'Organisation du fait qu'en 2007, l'offre des pays non Opep n'a pas été au rendez-vous, c'est-à-dire qu'elle a été en deçà des prévisions, et cela va se reproduire en 2008", a soutenu le ministre. Pour rappel, M. Khelil avait déjà affiché, il y a quelques jours, son scepticisme sur la capacité du cartel à peser sur les prix. "Une nouvelle augmentation de la production, si elle venait à être décidée lors de cette réunion, ne pourrait pas mettre fin à l'envolée des prix", avait-t-il alors estimé, expliquant que la dernière augmentation de 500.000 barils/jour, appliquée à partir du 1er novembre, n'avait pas donné l'effet escompté sur la flambée des cours du brut. Il avait expliqué la flambée des prix par des facteurs géopolitiques, l'insuffisance des capacités de raffinage, la baisse du dollar et la crise du crédit hypothécaire aux Etats-Unis, rejetant l'insuffisance de l'offre mondiale comme facteur déterminant. "L'offre mondiale est suffisante et les besoins des consommateurs sont entièrement satisfaits", avait-t-il souligné.