Les grandes puissances et l'Iran repartent cette semaine à la recherche d'un accord sur le programme nucléaire de Téhéran, tandis que de profondes divergences persistent, à cinq semaines de la date-limite fixée par les deux parties. L'accord extrêmement complexe qui est négocié à Vienne pourrait mettre un point final à plus d'une décennie de tensions dangereuses autour de ce dossier. L'objectif est la limitation du programme nucléaire de Téhéran, pour garantir son caractère pacifique, en échange d'une levée des sanctions économiques contre l'Iran. «Tout ce dont nous avons besoin, c'est d'une appréciation sensée des réalités auxquelles nous faisons face, et d'une évaluation sérieuse des alternatives», a assuré vendredi au Washington Post le chef de la diplomatie iranienne, Mohammed Javad Zarif. Rien n'est simple pourtant, et les 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) et l'Iran ont constaté de profonds désaccords lors de leur quatrième session de négociations en mai. La rédaction de l'accord aurait dû commencer à cette occasion. A l'inverse, «aucun progrès tangible» n'avait été réalisé, de l'aveu du négociateur en chef iranien, Abbas Araghchi. «Il y a encore beaucoup de travail», convenait à la veille de revenir à Vienne une source diplomatique occidentale. Des avancées «très fragiles» ont été obtenues, mais «sur les sujets les plus importants, il n'y a même pas d'esquisse de solution». Pour tenter de combler leurs divergences, les négociateurs iraniens ont tenu plusieurs réunions bilatérales ces derniers jours. Aucun détail n'en a filtré, même si le négociateur russe a estimé que l'Iran avait réalisé un «important travail» avec ses confrères français et américains. L'enrichissement d'uranium dans des centrifugeuses, qui permet à partir d'un haut degré de fabriquer le combustible d'une bombe atomique, reste le principal point d'achoppement. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a réclamé cette semaine que l'Iran ramène son nombre de centrifugeuses à «quelques centaines», contre 20.000 actuellement. La République islamique veut au contraire accroître leur nombre, pour alimenter une flotte de réacteurs produisant de l'énergie nucléaire à but civil. De tels réacteurs ne pourraient voir le jour que dans plusieurs années, voire décennies, répliquent les Occidentaux, qui soupçonnent l'Iran de vouloir enrichir de l'uranium à des fins militaires, ce qu'a toujours nié Téhéran. «On n'est pas du tout dans le même cadre!», a lancé Laurent Fabius le 10 juin. «Il ne sert à rien de vouloir plusieurs centaines de milliers de centrifugeuses si on ne veut pas la bombe», a-t-il martelé. «Tout accord avec l'Iran doit exiger un démantèlement significatif des infrastructures nucléaires iraniennes», a aussi prévenu jeudi le sénateur américain démocrate Robert Menendez, chef de la puissante Commission des Affaires étrangères du Sénat.