Des responsables du secteur des céréales annonçaient une " bonne récolte " en 2014, et prévoyaient une augmentation de la production de 15%. La baisse a atteint 30%. L'Algérie a produit la moitié de ce qu'a récolté le Maroc. La chute brutale de la production algérienne de céréales en 2014 a révélé la fragilité du secteur, tout en soulignant l'urgence de passer à un autre modèle basé sur l'irrigation d'appoint. Ainsi, pour y remédier à la situation, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a introduit récemment une trentaine de variétés de semences de blés français à haut rendement pour augmenter la productivité, c'est du moins ce qu'a indiqué, hier, à l'APS, le directeur général de cet office, Mohamed Belabdi. Il s'agit de 34 variétés de semences de blés dur, tendre et d'autres semences fourragères, introduites dans le cadre de l'accord algéro-français conclu en 2013 entre l'OAIC et le groupe français Axereal, qui prévoit la création d'une société mixte algéro-française de production de semences, fait savoir le même responsable. Selon lui, ce sont des variétés qui donnent de grands rendements en France atteignant les 80 quintaux à l'hectare avec des pics allant parfois jusqu'à 110 quintaux/ha, alors que le rendement moyen national ne dépasse pas les 17 quintaux/ha. Ces variétés seront mises sur le marché prochainement à la demande des agriculteurs potentiels dont notamment ceux équipés en moyens d'irrigation, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas dépendants de la pluviométrie, explique M. Belabdi, précisant que c'est la première fois que l'Algérie introduit un nombre aussi important de variétés de semences de blés. Une partie de ces semences sera multipliée localement tandis que d'autres devront être inscrites pour être homologuées par le Centre national de contrôle et certification de semences. Des croisements avec des variétés locales sont également prévus dans le cadre de ce projet en vue d'obtenir des semences répondant au contexte climatique algérien.
L'OAIC élargit son créneau face à la hausse des importations des céréales Alors que l'Algérie est classée parmi les plus gros importateurs de céréales au monde, l'OAIC s'implique de plus en plus dans le développement de la production nationale en misant notamment sur le blé dur et les orges: "L'autosuffisance en blé dur et en orge est à notre portée pourvu que les agriculteurs améliorent leur technique de culture et utilisent davantage de bonnes semences", selon M. Belabdi. Pour ce faire, l'office, également chargé d'encadrer les producteurs, tente d'améliorer ses prestations en matière de livraison d'engrais et semences certifiées. Ses techniciens investissent même les marchés aux bestiaux pour vendre des semences traitées et contrecarrer les vendeurs de semences de fermes qui véhiculent des maladies et de mauvaises herbes. A ce propos, le premier responsable de l'OAIC considère que les quantités distribuées de semences certifiées durant la campagne labours-semailles 2014-2015 (2,1 millions de quintaux) est "une performance jamais atteinte" auparavant par la filière. Dans l'objectif d'améliorer la productivité, l'office compte "injecter du sang nouveau" dans ses structures opérant sur le terrain notamment les Coopératives de céréales et légumes secs (CCLS), souligne le même responsable. L'OAIC a, ainsi, recruté récemment plus de 300 ingénieurs agronomes pour opérer au niveau des coopératives en tant que vulgarisateurs et accompagnateurs techniques des céréaliculteurs. Des sites de démonstration sur le comportement des variétés de céréales et légumes secs, sur les dates des semis et l'utilisation des produits phytosanitaires sont d'ailleurs animés en permanence au niveau des sièges de daïra afin de toucher un nombre important d'agriculteurs notamment les petits céréaliculteurs. "Désormais, les coopératives travaillent avec des objectifs à atteindre aussi bien en matière de réduction de la jachère que l'amélioration de la productivité des céréales et légumes secs", souligne M. Belabdi.
L'office a importé 4,9 millions de tonnes de céréales en 2014. A rappeler que les importations de blés (tendre, dur et semences) ont atteint 2,37 milliards de dollars (mds usd) en 2014 contre 2,12 mds usd en 2013, en hausse de 11,7%, selon les chiffres fournis par le Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (Cnis). Par catégorie, les importations de blé dur ont atteint 784,01 millions usd en 2014 contre 434,03 millions usd l'année d'avant, soit une hausse de plus de 80%. Quant aux importations de blé tendre, elles ont atteint 1,58 md usd en 2014 contre 1,68 md usd en 2013, reculant de 5,8%. Les importations de l'orge ont augmenté à près de 197 millions de dollars en 2014, contre 152,3 millions de dollars en 2013, en hausse de près de 30%. Notons enfin que ces maigres résultats ont été obtenus malgré des aides massives de l'Etat, sous différentes formes, combinant des facilités de crédit, des crédits bonifiés, ou la garantie de prix à la production. L'aide de l'Etat a atteint 200 milliards de dinars en 2013 (2.5 milliards de dollars), et devrait être portée à 300 milliards de dinars (3.75 milliards de dollars. Mais ces aides ont peu d'effet sur la production. Espérons que l'année 2015 sera meilleure en matière de récolte, et que les stratégies des pouvoirs publics apporteront leurs fruits.