Assia Djebar, première femme maghrébine a avoir accédé au panthéon des immortels, l'Académie française vient de publier Nulle part dans la maison de mon père, une autobiographie intime inondé de souvenirs et de réminiscences. Le livre sorti chez Fayard le 31 octobre dernier est, selon la critique, un ouvrage très personnel. Dans, Nulle part dans la maison de mon père, la romancière explore, réexplore son enfance, son adolescence durant laquelle elle découvre la Cité algéroise alors en pleine guerre, et la poésie des grands auteurs. Assia Djebar qui nous a habitués aux textes qui vacillent entre la nostalgie, la liberté d'un peuple et celle des femmes, remet dans ce récit l'Algérie au centre de ces préoccupations littéraires. Récit à la fois émotif et pudique, ce nouvel ouvrage donne à avoir le vécu intime d'un personnage de sang et de chair et à travers lequel elle projette, comme dans un miroir, le destin d'un peuple. La romancière a de tout temps œuvrer sur le grand chantier de cette Algérie qu'elle peint et dépeint sans cesse que ce soit à travers des œuvres cinématographique, Les femmes du Mont Chenoua ou encore texte littéraire. “Pourquoi ne pas te dire, dans un semblant de sérénité, une douce ou indifférente acceptation : ne serait-ce pas enfin le moment de tuer, même à petit feu, ces menues braises jamais éteintes ? Interrogation qui ne serait pas seulement la tienne, mais celle de toutes les femmes de là-bas, sur la rive sud de la Méditerranée… Pourquoi, mais pourquoi, je me retrouve, moi et toutes les autres : nulle part dans la maison de mon père ? s'interroge la romancière dans ce livre qui rend compte d'un insoutenable tiraillement entre les deux rives. Véritable œuvre confessionnelle, ce nouvel ouvrage est un retour vers soi et chez soi. “Toujours entre deux rives confesse les axes personnels, familiaux, amoureux et intellectuels autour desquels sa personnalité et son œuvre de fiction se sont construites. Ce récit autobiographique composé de fragments chronologiques est un pélerinage dans la mémoire, rythmé par le balancement constant entre actualité et souvenir. Emaillé d'images et de scènes bigarrées, traversé d'idées éclatantes sur la liberté d'un peuple et la libération des femmes, il s'inscrit dans la grande tradition de l'autobiographie littéraire, à l'instar d'Enfance de Nathalie Sarraute et des Souvenirs pieux de Marguerite Yourcenar. ” peut-on lire dans la présentation de l'éditeur. Née en 1936 dans la ville de Cherchell à l'ouest d'Alger, Assia Djebar, auteur prolifique de romans, essais, poésies, nouvelles, théâtre, …est connu pour sa lutte inconditionnelle pour l'émancipation de la femme dans le monde arabo-musulman. L'on a souvent qualifié l'écrivaine comme étant une femme de culture mais “ aussi de double-culture. “ Ayant reçu mon éducation scolaire dans une institution francophone, j'ai étudié le grec et les langues latines, qui constituèrent dès lors une influence majeure dans mon évolution intellectuelle. Malgré cela, mon affect a toujours été directement lié au monde arabe, à ses traditions, tant sociales que culturelles. Je sais aujourd'hui qu'on peut écrire dans une langue étrangère, l'intégrer à notre imaginaire sans pour autant rompre avec ses racines ”, explique celle qui a signé à l'àge de 21ans son premier roman, “La Soif ”. Son dernier livre, La femme sans sépulture (2002), est un hommage à une héroïne de la guerre d'Algérie dont les enfants n'ont jamais pu enterrer le corps... Traduites dans une quinzaine de langue Assia Djebar a été lauréate de nombreuses distinctions littéraires notamment le Prix de la paix attribué en 2000 par les éditeurs et libraires allemands.