Alors qu'un projet de loi pour renforcer la protection des femmes contre certaines formes de violence est débattu à l'Assemblée populaire nationale en Algérie, les députés devraient adopter les dispositions du projet qui érigent en infractions pénales la violence physique à l'encontre d'un conjoint et le harcèlement sexuel dans des lieux publics. C'est ce qui ressort d'un communiqué de Amnesty International qui a publié avant-hier un communiqué de presse. De ce fait, Amnesty international a dénoncé les propos rétrogrades de certains députés au Parlement lors des débats autour du projet de loi amendant et complétant l'ordonnance N°66-156 portant Code pénal et relatif aux violences faites aux femmes. " Amnesty International s'inquiète (…) de certaines positions inacceptables exprimées pendant les débats qui assimileraient ces dispositions à une " atteinte à la famille " et attribueraient la responsabilité de la violence de genre aux femmes et aux jeunes filles qui en sont victimes ", indique l'ONG dans un communiqué. " Les dispositions actuellement débattues, certes insuffisantes, constitueraient cependant un pas un avant, dans un pays où de nombreuses femmes sont confrontées aux violences de genre, sans pour autant être protégées de manière adéquate par la législation ", ajoute-t-elle. Amnesty international se dit " alarmée " par un article du projet de loi " qui prévoit l'arrêt des poursuites judiciaires en cas de pardon de la victime ". L'ONG " appelle au rejet catégorique d'une telle disposition " et explique qu'une telle clause " peut en effet permettre à des auteurs de violences de genre d'échapper à des poursuites judiciaires. " " Non seulement une telle disposition ignore la réalité des relations de pouvoir et d'inégalité entre les hommes et les femmes, mais elle expose également les femmes à un risque accru de violence et de recours à des méthodes coercitives pour qu'elles retirent leur plainte ", assure-t-elle. Rappelons que le projet de loi en question a été adopté, aujourd'hui, par l'Assemblée populaire nationale (APN) après de houleux débats. Les députés des quatre partis islamistes (MSP, El Islah, Enahda et El Adala) ont boycotté la séance en dénonçant un projet contraire " aux préceptes de la Chariaa " et qui risque, selon eux, de " disloquer la famille algérienne ".