Le président pakistanais Pervez Musharraf refuse de fixer un calendrier pour la levée de l'état d'urgence, comme le réclame la communauté internationale, mais défend son engagement en faveur de la démocratie, dans un entretien publié, hier, dans le Washington Post. Dans une autre interview, vendredi à la BBC, Pervez Musharraf a accusé Benazir Bhutto, la dirigeante de l'opposition, de vouloir se soustraire aux élections, estimant que son parti "n'est pas en mesure de les remporter. "Si je suis un dictateur, alors je ne sais pas de quelle sorte", déclare Pervez Musharraf au Washington Post. "Je crois avec ferveur dans la démocratie. J'ai apporté la démocratie au Pakistan et j'y crois toujours", ajoute-t-il. Le président pakistanais indique encore qu'il "réflechit" à un calendrier pour la levée de l'état d'urgence dans son pays mais interrogé pour savoir quand, il répond: "je ne sais pas". Le président Musharraf devait rencontrer samedi le numéro 2 du département d'Etat américain, John Negroponte, qui s'est entretenu vendredi au téléphone avec la dirigeante de l'opposition, l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto. Le 3 novembre, Pervez Musharraf avait proclamé l'état d'urgence et suspendu la Constitution invoquant l'insurrection islamiste et l'ingérence du pouvoir judiciaire dans la lutte contre le terrorisme. "On ne veut pas d'agitation et je dirai à M. Negroponte et aux Etats-Unis que le Pakistan vient d'abord, et qu'il y a certaines réalités sur le terrain -- l'extrémisme et le terrorisme -- qui m'ont incité à décider de l'état d'urgence", poursuit M. Musharraf, assurant que quiconque enfreignerait la loi "retournera en prison". Vendredi, le président Musharraf a mis en place un gouvernement de transition avant les législatives prévues en janvier et mis fin à l'assignation à résidence de Benazir Bhutto. "C'est elle en fait qui ne désire pas la tenue d'élections au Pakistan", a affirmé le général Musharraf à la BBC, car son parti --le parti du peuple pakistanais (PPP)-- n'est pas du tout en mesure de les remporter". Pour sa part, toujours dans le Washington Post, l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, qui vit en exil en Arabie Saoudite, critique sévèrement le soutien selon lui des Etats-Unis au président Musharraf. Il rappelle ainsi comment l'ancien président américain Bill Clinton avait refusé de serrer la main ou d'être photographié aux côtés de Musharraf lors d'une visite au Pakistan en 2000. "En refusant de s'associer à un dictateur, le président Clinton avait gagné le coeur du peuple pakistanais", écrit M. Sharif dans un article. "C'est la politique qui devrait être menée actuellement. L'Amérique ne devrait pas s'aliéner le soutien des 160 millions de Pakistanais en soutenant un dictateur qui préfère les armes à la raison", ajoute-t-il.