Les cours du pétrole étaient en hausse hier matin en Asie, avec des gains limités toutefois par l'attentisme des marchés quant à l'issue de négociations visant à mettre fin à une grève des raffineries américaines. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril prenait 32 cents, à 49,91 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance gagnait 77 cents, à 60,31 dollars. Des négociations pour tenter de mettre fin à une grève dans trois raffineries américaines exploitées par Royal Dutch Shell doivent reprendre mercredi. Plus de 5 000 employés travaillant dans une dizaine d'installations sont en grève depuis le 1er février pour réclamer des augmentations de salaire, ce qui frappe environ 13% des capacités de raffinage du premier consommateur de brut mondial, selon l'agence financière Bloomberg News. Les cours "évoluent dans une fourchette latérale" dans l'attente des discussions, a commenté Daniel Ang, analyste chez Phillip Futures à Singapour. Les limites des capacités de stockage du brut non traité seront bientôt atteintes dans le site principal de Cushing (Oklahoma) et les compagnies ont intérêt à parvenir à un accord, a-t-il dit. Le marché regarde aussi le déroulement des négociations sur le nucléaire iranien, qui ont repris lundi entre Américains et Iraniens en Suisse, a souligné Nicholas Teo, analyste chez CMC Markets. Les marchés craignent que l'Iran, qui cherche à obtenir la levée des sanctions financières et pétrolières qui le frappent durement, ne "puisse remettre sa part dans le pot commun", a dit le spécialiste. L'or noir a beaucoup perdu de sa valeur depuis la mi-juin, dans un contexte de surabondance de l'offre mondiale et de faiblesse de la demande. La veille, les cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril a perdu 17 cents à 49,59 dollars le baril, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après une journée hésitante. A Londres, le baril de Brent a reculé plus nettement, perdant 3,04 dollars à 59,54 dollars. "Les marchés mondiaux du pétrole sont en rééquilibrage dans les échanges, une reprise partielle de la production de brut libyen encourageant une prise de bénéfice après le redressement des cours du Brent auquel on a assisté", analysait Timothy Evans, chez Citi. Selon lui, le décalage croissant entre le marché du Brent et celui du WTI "a permis au WTI de se raffermir en dépit du ton plus négatif sur le marché international". "Des redémarrages de raffineries aux Etats-Unis pourraient aussi contribuer au rééquilibrage", ajoutait-il, relevant "un ton général défensif". Les analystes restent généralement/els prudents, l'offre demeurant surabondante sur les marchés malgré une baisse de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en février, qui serait tombée à son plus bas niveau depuis juin 2014, selon Commerzbank. Le rééquilibrage de lundi, au premier jour de cotation en mars, intervient après un mois de février marqué par une grande volatilité, mais sans grand changement. Le WTI, en recul à l'ouverture de lundi, puis en hausse en milieu de séance, a finalement accusé un recul limité après la sortie d'estimations sur le niveau des stocks à Cushing (Oklahoma, sud) montrant que ces derniers auraient moins progressé qu'attendu, selon Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank. Ces derniers jours, le WTI s'échangeait à environ 12 dollars de moins que le Brent, à cause des inquiétudes sur les capacités de stockages à Cushing. Par ailleurs, les analystes s'interrogeaient sur le déroulement des négociations sur le nucléaire iranien, qui ont repris lundi entre Américains et Iraniens en Suisse. Un succès de ces négociations ferait débarquer sur le marché international des millions de barils iranien, et serait susceptible d'entraîner une nouvelle forte baisse des cours. Enfin, les températures les plus rigoureuses de l'hiver américain semblaient devoir se réchauffer un peu, conduisant à un reflux de la demande en fioul domestique aux Etats-Unis. "Les marchés du pétrole sont soutenus par quelques fondamentaux éphémères, comme les retards de chargements en Irak, et des bribes de confiance, mais nous nous attendons à ce que les prix s'affaiblissent à nouveau dès que ces facteurs s'estomperont", ont souligné les analystes de Barclays.