L'industrie pétrolière au Royaume-Uni reprend des couleurs après l'annonce du gouvernement d'une réduction d'impôts équivalent à environ 1,3 milliard de livres (1,8 milliard d'euros) d'aides pour le secteur, mais ne crie pas victoire. Le gouvernement a présenté mercredi, lors de la présentation de son budget, trois mesures fiscales qui feront passer le taux d'imposition de l'industrie à 50%, au lieu de 60% à 80%. Le secteur pétrolier au Royaume-Uni réclamait à cor et à cri une baisse des taxes au gouvernement britannique ces derniers mois, pour faire face à la chute des cours du pétrole, qui ont perdu plus de la moitié de leur valeur depuis juin. Le ministre des finances George Osborne a notamment fait part d'une baisse de la taxe sur les revenus du pétrole qui passera de 50% à 35% l'année prochaine. Et la réduction de cette taxe qui concerne principalement certains des champs pétroliers les plus matures au Royaume-Uni a créé la surprise. Peu de gens pensaient que cela serait annoncé mercredi, a commenté Claire Angell, directrice taxes et énergie, chez KPMG. Cette mesure est bonne car elle va aider à conserver ces vieux actifs viables et c'est positif pour l'infrastructure dans la mer du Nord en général, a-t-elle souligné. Le gouvernement va également introduire, à partir du mois prochain un seul, simple et généreux allègement fiscal pour stimuler l'investissement à tous les niveaux du secteur et baisser de 10 points, à 20%, l'impôt supplémentaire sur les bénéfices issus de la production de pétrole et de gaz. Cette réduction était largement attendue par l'industrie et certains observateurs ont même noté que le gouvernement aurait difficilement pu faire moins. Le ministre des Finances George Osborne a toutefois précisé que cette baisse serait rétroactive au début du mois de janvier. L'Office de responsabilité budgétaire a estimé que cela augmenterait la production en mer du Nord de 15% d'ici la fin de la décennie, a souligné George Osborne. Ces mesures envoient le bon signal aux investisseurs. Elles reflètent les besoins de cette région pétrolière et gazière aux champs matures, s'est félicité Malcolm Webb, le directeur général de la fédération Oil and Gas UK. Selon la fédération cela devrait permettre au Royaume-Uni de revenir dans la compétition pour les investissements internationaux. Par ailleurs, le gouvernement a aussi alloué dans son budget 20 millions de livres à l'autorité du pétrole et du gaz, nouvellement créée pour regonfler la santé du secteur l'année dernière, pour entreprendre des relevés sismiques dans les régions peu explorées de la mer du Nord. Mais si ces aides constituent un pas dans la bonne direction pour l'industrie pétrolière au Royaume-Uni, le secteur ne crie pas pour autant victoire, car plus devra être fait pour aider l'activité d'exploration. Les cours du brut restent bas, les charges et les coûts d'opération élevés, et à 50 dollars le baril la mer du nord reste peu attractive en comparaison à d'autres bassins, estime Colin Welsh, directeur général de la banque d'investissement Simmon & Company basée à Aberdeen. La chute vertigineuse des prix du pétrole n'a fait qu'exacerber les difficultés dans lesquelles se trouvait déjà l'industrie. En mer du Nord, les gisements marins très profonds exigent, pour être exploités, des techniques de plus en plus pointues et onéreuses. Ces dernières années, l'exploration s'est effondrée et en 2014 seuls 14 nouveaux puits ont été forés, soit le rythme le plus faible depuis 1965. On ne récolte que ce que l'on sème. Et lorsque l'on considère que l'exploration d'un puits sur six est couronnée de succès, l'industrie ne sème pas beaucoup, concluait M. Welsh.