La Bourse de Tokyo risque de nouvelles prises de bénéfices la semaine prochaine qui sera par ailleurs animée par la publication de plusieurs indicateurs clés japonais et américains, ont relevé vendredi les analystes. Sur la semaine écoulée, l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a lâché 1,40% à 19 285,63 points, s'éloignant de la barre des 20 000 points qu'il était pourtant en passe de franchir il y a peu pour la première fois en 15 ans. Il s'agit du premier recul hebdomadaire depuis mi-février de l'indice vedette qui a souffert de prises de bénéfices après sa récente ascension dans un agenda dépourvu d'informations porteuses, à l'approche de la saison des résultats annuels. L'indice élargi Topix a pour a part reculé de 1,75% à 1 552,78 points. "La marché tokyoïte pourrait assister à des prises de bénéfices supplémentaires tant des investisseurs étrangers que japonais qui veulent liquider leurs positions avant la nouvelle année fiscale" qui commence le 1er avril, a commenté Daiwa Securities dans une note. "Toutefois, le Nikkei a (une possibilité) de baisse limitée", a assuré Daiwa. La place financière sera particulièrement attentive la semaine prochaine à des indicateurs nippons, notamment la production manufacturière en février après l'annonce ce vendredi que le Japon avait renoué avec une croissance nulle le mois dernier, pour la première fois depuis mai 2013. En outre, la consommation des ménages continue à être en berne après la chute enclenclée dans la foulée du relèvement en avril dernier de la TVA qui a fortement ébranlé le Japon le plongeant même temporairement en récession. En février, la consommation des ménages a toutefois limité son recul avec une baisse de 2,9%, après un plongeon de 5,1% en janvier. Les acteurs du marché attendent également l'enquête Tankan de la Banque du Japon sur la confiance des entrepreneurs qui devrait être positive, selon Daiwa Securities. Une série de statistiques est aussi prévue aux Etats-Unis avec entre autres mardi la confiance des consommateurs en mars (Conference Board), jeudi, le commerce extérieur pour février et les demandes hebdomadaires d'allocations chômage, avant vendredi, les chiffres du chômage et de l'emploi en mars. Le département du Travail américain a indiqué jeudi que les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis avaient baissé plus que prévu, attestant de la vigueur de la reprise économique. Lundi, le vice-président de la banque centrale américaine (Fed) a indiqué que l'institution allait "probablement" commencer à relever ses taux directeurs avant la fin de l'année même si une "incertitude considérable" entoure encore l'ampleur de cette hausse. Après la réunion de son dernier comité de politique monétaire le 18 mars, la Fed a abandonné son engagement à se montrer "patiente" avant de relever ses taux directeurs maintenus depuis la fin 2008 à des niveaux proches de zéro pour soutenir l'activité. Elle avait toutefois refusé de donner un calendrier précis mais certains observateurs tablent sur un relèvement possible dès juin prochain. Vendredi, au moment de la fermeture, le dollar affichait un petit rebond par rapport à la veille, à 119,17 yens, mais l'euro ne valait plus que 129,71 yens (contre 130,55 yens jeudi), un mouvement défavorable aux titres des groupes nippons bien implantés en Europe. La place tokyoïte a démarré en repli, imitant son homologue new-yorkaise qui s'est affaissée sur fond de craintes géopolitiques sur le Moyen-Orient après le lancement de nouvelles frappes aériennes de la coalition menée par l'Arabie Saoudite au Yémen. Malgré des incursions par la suite en zone positive, le marché a également été refroidi par des statistiques nippones très mitigées. Les prix ont cessé d'augmenter en février, pour la première fois depuis mai 2013, signe que l'archipel est loin d'avoir vaincu la déflation qui handicape son économie depuis une quinzaine d'années.
Sous le signe du pétrole Dans ce contexte, la couleur rouge a largement dominé le tableau des valeurs du Nikkei (191 valeurs en baisse, contre seulement 32 en hausse et 2 inchangées). Au lendemain du rebond des cours du pétrole, les compagnies maritimes et aériennes, gourmandes en carburant, ont chuté, parmi lesquelles Nippon Yusen KK (-4,87% à 351 yens), ANA Holdings (-2,96% à 323,6 yens) et JAL (-2,36% à 3 715 yens). Le géant de l'énergie JX Holdings a lui aussi plongé (-2,55% à 476,4 yens), sanctionné pour cause d'avertissements sur résultats. Il a prévenu jeudi qu'il devrait terminer l'exercice 2014-2015 sur une perte nette massive de 320 milliards de yens (2,5 milliards d'euros), contre une estimation précédente de 210 milliards. Plusieurs facteurs sont venus plomber ses résultats, dont des pertes dues à la baisse des prix du pétrole et du gaz naturel, des dépréciations d'actifs ainsi que des révisions de projets-clefs. Dans le secteur électronique, le conglomérat Toshiba s'est effondré de 3,44% à 513,2 yens, au lendemain d'un abaissement de la prévision trimestrielle de ventes par SanDisk, son partenaire américain dans les mémoires flash. Panasonic s'est à l'inverse envolé de 3,20% à 1 576,5 yens, porté par l'annonce la veille au soir d'objectifs financiers des plus positifs pour les années à venir, grâce à une restructuration réussie et aux atouts dont il dispose désormais. Du côté de l'automobile, sensible aux variations des devises, Toyota a rétrogradé de 1,44% à 8 481 yens, et Nissan de 2,94% à 1 217,5 yens. A noter enfin, le repli d'Olympus (-0,22% à 4 450 yens) juste avant l'annonce d'un accord à l'amiable à la suite de plaintes déposées par 92 entités, dont des fonds de pensions et des investisseurs étrangers, dans le retentissant scandale de maquillage de pertes qui avait éclaté fin 2011. Le groupe d'appareils photo et d'endoscopes leur versera un total de 11 milliards de yens (85 millions d'euros), en échange de l'abandon des poursuites.