Après avoir commencé la semaine sous la pression du dollar, l'or a repassé le seuil des 1 200 dollars l'once, soutenu par le ralentissement des créations d'emplois dans le secteur privé aux Etats-Unis en mars, mais pourrait se retrouver sous pression vendredi, jour de la sortie du rapport américain sur l'emploi et le chômage. L'annonce mercredi d'un ralentissement inattendu en mars des créations d'emplois dans le secteur privé aux Etats-Unis a pesé sur le billet vert, rendant ainsi le métal jaune plus attrayant. Mais les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis pour le mois de mars qui doivent être annoncés vendredi, pourraient renverser la tendance s'ils s'avéraient bons. "Un très bon rapport combiné à des meilleurs salaires, pourrait pousser l'or et l'argent en dessous de leur niveaux bas du mois de mars", tempéraient les analystes d'ABN Amro. Au mois de mars, l'once d'or était descendue à 1 142,94 dollars, son plus bas niveau en quatre mois. Le marché sera en effet particulièrement attentif à l'évolution des salaires, l'un des principaux éléments sur lesquels la Réserve fédérale américaine (Fed) dit fonder ses décisions pour le relèvement de ses taux d'intérêts. Une hausse de ces taux, actuellement presque nuls, rendrait le dollar plus rémunérateur, et pèseraient ainsi sur l'or. En effet, un renforcement du dollar rend plus onéreux les achats de métal jaune, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. Pour Bernard Dahdah, analyste chez Natixis, le retour des tensions géopolitiques sur le devant de la scène a aussi aidé les métaux précieux, et surtout l'or, valeur refuge par excellence. "En plus de l'impasse entre les puissances occidentales et l'Iran (dans les négociations sur le programme nucléaire iranien qui continuent malgré le dépassement du délai fixé au 31 mars), des rumeurs circulent sur le fait que la Grèce ne puisse pas être capable d'honorer un paiement au Fonds monétaire international (FMI) le 9 avril prochain", a-t-il expliqué. De son côté, l'argent, considéré comme une alternative meilleur marché à l'or, a peu ou prou suivi les mouvements de l'or. Chez les platinoïdes, le platine a continué de grimper, atteignant mercredi son plus haut niveau en presque un mois, à 1 168,85 dollars l'once. Mais les investisseurs semblent s'être détournés du palladium qui est tombé à un minimum depuis presque un an, à 724,60 dollars l'once. "Une perte de patience vis-à-vis du palladium est complètement compréhensible, car le déficit attendu sur le marché n'a pas apporté le rebond des prix escompté par les investisseurs", ont constaté les analystes d'ABN Amro. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1 198,50 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1 195,75 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 16,84 dollars, contre 17,14 dollars il y a six jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 1 154 dollars, contre 1 138 dollars six jours plus tôt. L'once de palladium a terminé pour sa part à 751 dollars, contre 748 dollars à la fin de la semaine précédente. Stabilisation, des prix des métaux de base Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) se sont dans l'ensemble stabilisés cette semaine, aidés par un indicateur chinois encourageant, mais le nickel et le zinc sont restés en berne, plombés par la surabondance d'offre. L'activité manufacturière en Chine a progressé en mars, pour la première fois depuis décembre, selon un indicateur publié mercredi par le gouvernement, un sursaut bien accueilli par les marchés des métaux de base même si les investisseurs restent prudents. Cette embellie très relative intervient alors que la banque centrale de Chine (PBOC) multiplie les mesures d'assouplissement monétaire destinées à stimuler l'économie, après le très vif ralentissement de la croissance chinoise en 2014.
Le cuivre reprend des couleurs Le cuivre a ainsi profité de l'indicateur chinois pour consolider les fondations de sa reprise. Même si mercredi le métal rouge a connu un bref accès de faiblesse, tombant à son niveau le plus bas en près de deux semaines, à 5 952,50 dollars la tonne, le cuivre a fini par se stabiliser. D'après plusieurs analystes, les mauvais jours du cuivre pourraient être derrière lui. "Malgré un ralentissement de l'économie en Chine, la demande reste robuste pour 2015, et est soutenue par la reprise économique en Europe, aux Etats-Unis et au Japon", ont noté les analystes de Barclays. Malgré un petit surplus prévu pour 2015, de nombreux analystes estiment que le marché pourrait se rééquilibrer cette année, ce qui devrait soutenir les cours. "Une succession de nouvelles sur des perturbations de l'offre cette année a commencé à nous faire penser que le marché sera plus équilibré en 2015", ont confirmé les analystes de Macquarie. Mais pour Unicredit, il reste encore du chemin à parcourir avant que les prix du cuivre n'atteignent vraiment un niveau plancher. "Pour le moment les achats au deuxième trimestre sont assez décevants. De ce point de vue, nous allons surveiller les indicateurs (économiques) dans les semaines qui viennent", ont-ils commenté.
La surabondance déprime le nickel et l'étain Les cours du nickel sont tombés mercredi à leur plus bas niveau en près de six ans, à 12 310 dollars la tonne, sur fond de crainte de baisse de la demande chinoise et européenne. "Les cours du nickel se sont effondrés cette semaine. La cause immédiate semble être le désinvestissement des opérateurs après la sortie de rapports sur la faible demande pour ce métal en Europe et en Chine", ont commenté les analystes de Macquarie. L'offre abondante de nickel a également contribué à accentuer la dégringolade des prix. Au début de la semaine, les stocks de nickel entreposé dans les réserves du LME ont atteint de nouveaux records historiques. D'après les analystes de Commerzbank, malgré l'embargo sur les exportations de minerai brut de nickel depuis l'Indonésie, la Chine ne se trouve pas en manque de ce métal. Depuis plus d'un an, le minerai de nickel extrait en Indonésie doit être raffiné dans le pays avant d'être exporté. L'Indonésie était un fournisseur majeur de ce minerai pour la Chine, et au début de l'année certains analystes voyaient l'embargo continuer de soutenir les cours. Par ailleurs, une nouvelle loi européenne instauré la semaine dernière imposant des taxes antidumping sur les produits en acier inoxydable en provenance de Chine aurait pu contribuer à saper l'appétit des investisseurs, selon des analystes. L'étain a également pâti de la surabondance d'offre sur les marchés, et est tombé mercredi à son plus bas niveau en près de six ans, à 16 389,50 dollars la tonne. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 5 993 dollars cette semaine, contre 6 069 dollars la semaine précédente. L'aluminium valait 1 774,50 dollars la tonne, contre 1 778,50 dollars. Le plomb valait 1 870 dollars la tonne, contre 1 829 dollars. L'étain valait 16 750 dollars la tonne, contre 17 285 dollars. Le nickel valait 12 935 dollars la tonne, contre 13 375 dollars. Le zinc valait 2 107,50 dollars la tonne, contre 2 081,50 dollars.