Samsung Electronics a estimé hier que son bénéfice opérationnel serait meilleur que prévu au premier trimestre, l'appétit croissant pour ses puces mémoire permettant de contrebalancer les revers subis dans le secteur hautement concurrentiel des Smartphones. Le géant sud-coréen, qui reste le premier producteur mondial de téléphones mobiles, a prévu que son bénéfice opérationnel s'établirait à 5 900 milliards de wons (4,96 milliards d'euros) pour la période de janvier à mars. Il s'agirait d'une baisse de 30,5% sur un an, mais ce résultat serait meilleur que ce qui était prévu par les analystes, lesquels tablaient sur un résultat de 5 500 milliards de wons. Et, signe que le groupe est en train de renverser la vapeur, cette estimation représente une hausse de 11,5% par rapport au trimestre précédent, lorsque le résultat opérationnel était ressorti à 5 300 milliards de wons. Les ventes se sont élevées à 47 000 milliards de wons au quatrième trimestre 2014, en baisse de 12,4% sur un an. Samsung voit ses bénéfices dégringoler depuis la fin 2013 en raison de la concurrence féroce dans un marché des Smartphones saturé, sur lequel il avait longtemps régné en maître. Le sud-coréen est pris en tenailles entre son grand rival américain Apple, s'agissant du haut du panier, et les fabricants chinois comme Xiaomi, en grande forme pour ce qui est du moyen et de l'entrée de gamme. Les modèles des chinois sont toujours plus perfectionnés tout en étant moins chers.
Les puces en guise d'amortisseur Samsung ne fournit pas d'estimation de son bénéfice net. Les résultats définitifs seront publiés à la fin avril. Le groupe ne précise pas non plus son bilan secteur par secteur. Mais les analystes estiment qu'il tire son épingle du jeu grâce aux performances de l'activité fortement rentable des puces mémoire qui permettent d'amortir le revers de fortune subi par les mobiles. Samsung fabrique une grande variété de produits électroniques, allant des puces mémoire à l'électroménager. Les bénéfices opérationnels de sa division semi-conducteurs avaient bondi de 35,7% sur un an au quatrième trimestre. Ces performances ont été aidées par la modernisation de ses usines de puces mémoire, qui ont permis à Samsung de réduire ses coûts, explique Song Myng-Sup, analyste chez HI Investment & Securities. "Les ventes oscillent en dessous des attentes des analystes mais les bénéfices sont en hausse, ce qui signifie que l'entreprise a amélioré ses profits en dépensant moins plutôt qu'en vendant plus", commente-t-il. De plus, le nouveau modèle phare du sud-coréen, le Galaxy S6, dévoilé début mars à Barcelone et qui doit débouler sur le marché le 10 avril, va tirer les bénéfices vers le haut au deuxième trimestre, prédit également l'analyste. Outre le Galaxy S6, Samsung a dévoilé en Catalogne sa phablette S6 Edge (mot valise désignant un grand téléphone intelligent), réponse directe à l'iPhone 6 Plus d'Apple. Il espère la voir se démarquer grâce à son écran incurvé des deux côtés et à sa recharge sans fil. Le précédent modèle haut de gamme du sud-coréen, le Galaxy S5, n'avait lui pas connu les fortunes espérées auprès des consommateurs. Mais les spécialistes ont bien accueilli le Galaxy S6, estimant qu'il ne déméritait pas face à l'iPhone 6. La nouvelle version va contribuer à renverser la situation, selon Nam Dae-Jong, analyste chez Hana Daetoo Securities à Séoul. "J'estimais le bénéfice opérationnel du deuxième trimestre à 6 400 milliards de wons mais je prévois de le réviser à la hausse", dit-il. La domination de Samsung sur le marché des Smartphones est fortement contestée par Apple. Plusieurs cabinets d'analyse ont placé des deux géants au coude-à-coude pour les ventes de téléphones intelligents au quatrième trimestre 2014. Et le cabinet Gartner a même suggéré qu'Apple avait repris la première marche du podium, place qu'il avait cédée à Samsung en 2011. L'action Samsung a clôturé en baisse de 0,54% à la Bourse de Séoul, les analystes estimant que les prévisions publiées mardi avaient déjà été largement intégrées par les investisseurs.