Après son succès inespéré aux législatives, David Cameron doit maintenant se préparer à deux batailles, estime la presse britannique hier: maintenir l'Ecosse dans la Grande-Bretagne, et la Grande-Bretagne au sein de l'Union européenne. Le deuxième séjour du Premier ministre conservateur au 10, Downing Street s'annonce beaucoup plus ardu que le premier, mettent en garde les quotidiens, qui s'interrogent aussi sur la manière dont le Labour et les libéraux-démocrates pourront rebondir après leur désaveu dans les urnes et la démission de leurs chefs de file. Pour le "Times", M. Cameron aura besoin de "chaque gramme de sens politique" pour surmonter les enjeux qui l'attendent. "Les électeurs britanniques ont rendu un verdict écrasant sur le dos de deux grands partis nationaux, remis le pouvoir à un troisième et déclenché une révolution en Ecosse", écrit le quotidien dans son éditorial.
Laminé en Ecosse Le Labour a été laminé en Ecosse, où les indépendantistes du SNP ont raflé 56 des 59 sièges en jeu dans leur région autonome, jusqu'ici considérée comme un fief travailliste. "Il est temps pour M. Cameron de trouver son Churchill intérieur (...) sa majorité est étroite et l'utiliser ne sera pas facile. Son vrai travail commence maintenant", affirme encore le quotidien. D'après le "Guardian", qui soutenait le Labour, M. Cameron doit maintenant placer le pays avant son parti. "Il aura besoin d'une bien plus grande sagesse, cohérence et vision que ce dont il a fait preuve pendant son premier mandat, dans ce qui sera son second et dernier mandat, il devra ressouder le pays", affirme le quotidien. The "Independent" soutient de son côté que ces élections sont "un moment charnière qui déterminera si nous resterons ensemble en tant que Royaume-Uni - et un Royaume-Uni capable d'envisager un avenir avec ses voisins européens les plus proches". "Une nation, la mission de Cameron", titre en une le "Financial Times", estimant également que le maintien de l'Ecosse dans le giron de l'Union Jack, et de la Grande-Bretagne dans celui de l'UE marqueront les cinq prochaines années des conservateurs.
Démissions en cascade Ces résultats ne sont pas restés sans conséquence. Dès les premières tendances connues, une hécatombe politique s'est déclenchée. Nigel Farage a été le premier à démissionner, mettant à exécution sa promesse de "tirer le rideau" en cas d'échec. Son départ porte un coup extrêmement sévère à son parti. Toutefois, l'homme-orchestre de l'Ukip n'a pas exclu un retour. Peu après, le leader libéral-démocrate Nick Clegg a jeté l'éponge. Vice-Premier ministre sortant, il a parlé d'une nuit "cruelle et cuisante". Puis ce fut le tour d'Ed Miliband, le chef des travaillistes, de quitter le navire. Il a dit endosser "l'entière responsabilité de la défaite".
Référendum sur l'UE Sur le plan international, David Cameron a déjà réitéré sa principale promesse de campagne: l'organisation d'ici 2017 d'un référendum sur le maintien du pays dans l'Union européenne. Une perspective qui inquiète ses partenaires européens, même s'il assure qu'il fera campagne pour le maintien dans l'UE s'il obtient au préalable de ses partenaires une modification satisfaisante des traités. Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, l'a félicité vendredi. Un porte-parole a promis que Bruxelles examinerait les propositions britanniques de façon "bienveillante, amicale et objective".
Cameron reconduit ses ministres clés Le Premier ministre David Cameron a donné vendredi un fort signal de sa volonté de continuité en reconduisant dans leurs fonctions les quatre principaux ministres de sa précédente équipe, dans la foulée de sa réélection pour un second mandat. George Osborne, Theresa May, Philip Hammond et Michael Fallon, quatre poids lourds du cabinet, ont été confirmés respectivement à leurs postes de ministre des Finances, de ministre de l'Intérieur, de ministre des Affaires étrangères et de ministre de la Défense. Le chancelier de l'Echiquier George Osborne a par ailleurs été gratifié du titre de +First Secretary of State+ (premier secrétaire d'Etat) qui désigne traditionnellement le numéro deux du gouvernement, par David Cameron, qui a fait toutes ces annonces sur son compte Twitter. Dans son précédent gouvernement, le numéro deux était le vice-Premier ministre libéral-démocrate Nick Clegg dont le parti s'est effondré lors du scrutin de jeudi. M. Cameron, qui a décroché une majorité absolue de 331 sièges à la Chambre des Communes, a annoncé son intention de constituer une équipe 100% conservateurs après cinq ans de coalition avec les Lib-dems. Il a précisé ne pas compter annoncer d'autres noms vendredi soir. Après sa réélection, David Cameron a indiqué qu'il poursuivrait sa politique d'austérité pour remettre à l'équilibre les finances publiques du pays. George Osborne et Theresa May ont été tous deux cités par M. Cameron comme des successeurs potentiels, alors qu'il n'entend pas briguer de troisième mandat. Il avait également donné comme troisième possibilité le nom de Boris Johnson, le maire de Londres, élu député jeudi.