La visite du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, à Paris aura, en fin de compte, été d'une grande importance. La France compte, en effet, initier de grands travaux en Algérie. C'est du moins ce qu'a indiqué, samedi, le ministre français des Affaires étrangères, M. Bernard Kouchner, à l'issue des entretiens qu'il a eus avec son homologue algérien. "La France compte initier en Algérie un certain nombre de grands travaux et projets structurants nécessitant de grands investissements" déclare-t-il. Tout en qualifiant de "prometteur" le marché algérien, ce dernier a ajouté que "nous allons poursuivre nos investissements et les intensifier car, le climat politique est meilleur tout comme le climat bilatéral. On y retrouve un sentiment de complémentarité et d'accueil". Faut-il souligner qu'un effort particulier a été accompli par l´Algérie pour ouvrir la voie privilégiée aux capitaux français qui, mieux que le reste, connaissent le marché algérien, depuis les années 2000 très certainement le plus attractif de la rive sud de la Méditerranée. "Nous voyons cette coopération comme politiquement nécessaire car, nous devons les uns et les autres, l'Algérie et la France en particulier, de part et d'autre de la Méditerranée, intensifier cette coopération fraternelle", estime Kouchner. "Vous ne serez pas déçus", a-t-il ajouté. Dans ce contexte, ce dernier déclare que la présidence de la France de l'Union européenne, à partir de juillet prochain, va offrir des projets européens au profit de la rive sud de la méditerranée, du Maghreb et de l'Afrique. "Nous avons eu des divergences et des fracas, maintenant construisons ensemble. La France veut faire de l'Algérie un partenaire de premier choix et établir avec elle une relation stratégique". Conclut Kouchner. Il est vrai que l'état actuel des relations algéro-françaises permet d'aller de l'avant pour faire, notamment de la coopération économique, non seulement une réalité mais une projection plus ambitieuse vers le futur. L'Algérie traverse, aujourd'hui, une conjoncture favorable qui lui permet d'atteindre ces objectifs de coopération et parce que la volonté politique converge aujourd'hui plus que jamais vers une avancée plus substantielle des investissements en Algérie. Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a souligné la volonté politique, tant algérienne que française, de faire de la coopération algéro-française une relation stratégique fondée sur des projets concrets, et une projection vers le futur plus ambitieuse. "Nous avons revisité l'ensemble de nos relations sans exclusion aucune et de manière extrêmement franche. Les conditions sont réunies pour faire de cette relation une relation stratégique", déclare Medelci."Ce sont des choses qui sont à inscrire parmi les démarches nouvelles du côté français comme algérien", a-t-il ajouté, évoquant un partenariat fondé sur des choses substantielles et des échanges concrets. Notant que ces deux dernières années, la coopération algéro-française a enregistré une évolution positive mais elle demeure, de part et d'autre, insuffisante. A cela est liée la question de la circulation des personnes, dont celle des hommes d'affaires. M. Medelci souligne la nécessité d'assouplir les procédures pour la circulation des personnes entre l'Algérie et la France. Dans les procédures d'attribution des visas, M. Medelci a indiqué que la France, l'Europe comme l'Algérie connaissent une pression positive pour faire en sorte que nous puissions sortir de cette contradiction. "Il faut maintenant instrumenter les procédures , c'est-à-dire simplifier ces procédures. Il y a eu déjà une première simplification depuis que la procédure ait été établie à Alger, et non plus à Nantes" rappelle-t-il. En ce qui concerne la partie algérienne, M. Medelci a indiqué que l'Algérie compte faciliter la procédure, notamment en termes de durée du séjour aux hommes d'affaires comme aux autres. Soulignant les efforts entrepris de part et d'autre, M. Medelci a expliqué que "nous ne cherchons pas l'idéal, car l'idéal serait qu'il n'y aurait pas du tout de visas mais au moins de revenir à la situation de 1989 lorsque plus d'un million d'Algériens visitaient la France. Ce chiffre est aujourd'hui beaucoup plus réduit alors qu'on s'attendait à ce que le développement des relations, la mondialisation rendent plus fluide la circulation des personnes"."Il y a la volonté de part et d'autre d'améliorer les conditions d'attribution des visas", affirme-t-il, estimant que, "d'ici le 3 décembre, date à laquelle M. Sarkozy est attendu en Algérie, ces démarches seront clarifiées et devant aboutir à des solutions concrètes".M. Medelci est, par ailleurs, revenu sur la future convention culturelle, scientifique et technique, qui annonce un partenariat plus élargi et qui prévoit, entre autres mesures nouvelles, l'introduction du segment économique, un dispositif opérationnel visant à booster les relations des petites et moyennes entreprises algériennes et françaises pour qu'elles puissent travailler ensemble sur l'ensemble du circuit microéconomique, de la production à la commercialisation. M. Medelci et M Kouchner ont, par ailleurs, évoqué le projet d'Union méditerranéenne proposé par le président Sarkozy. Un projet qui doit montrer aux générations futures que l'appartenance à cette mer commune n'est pas un vain mot. Pour Kouchner, ce projet doit être une plate-forme de consultation, de consolidation des relations de part et d'autre et que l'Algérie n'émet pas de réserves quant à sa réalisation. La forme institutionnelle que prendra l'Union méditerranéenne est encore floue. Une situation à la fois logique et légitime. Le projet est encore au stade de la discussion entre tous les partenaires intéressés, les gouvernements comme la société civile. Tirant les leçons de l'échec au moins relatif du processus de Barcelone, l'ambition de l'Union méditerranéenne sera cependant limitée à institutionnaliser des projets économiques par le biais, par exemple, d'une agence méditerranéenne de l'eau, voire d'une banque méditerranéenne d'investissement. Il ne s'agit donc pas de construire un projet politique. La France tente actuellement de surmonter le scepticisme, relativement généralisé au départ, de ses partenaires du sud comme du nord de la Méditerranée. Pour Medelci, il y y a beaucoup à convaincre au niveau européen et au niveau de la rive sud de la Méditerranée, où le message est bien compris. Il reste à faire ensemble les départs nécessaires pour démontrer que c'est un projet commun qui est porté par tous ceux qui sont capables de lui apporter leurs ressources et leur bonne volonté. Par ailleurs, Proche-Orient a été aussi au contre du volet international de l'entretien entre les deux ministres. Sur ce point, le chef de la diplomatie algérienne a estimé que la prochaine conférence d'Annapolis est porteuse d'espoir mais qu'il faudra attendre la teneur de cette conférence pour pouvoir se prononcer si ce processus est porteur, si ce processus est sérieux et qu'il puisse conduire à l'aboutissement final de la question palestinienne.