Volonté n Le ministre français des Affaires étrangères a révélé que son pays compte initier en Algérie «un certain nombre de grands travaux et projets structurants nécessitant de grands investissements». Quelques jours seulement avant la visite du président français en Algérie, les responsables des deux pays continuent d'exprimer leur volonté de donner un nouveau souffle aux relations algéro-françaises. Ainsi, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a déclaré, hier, samedi, à Paris, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue algérien, Mourad Medelci, que la France veut faire de l'Algérie, ce «pays ami», un «pays frère». «L'Algérie est un grand pays, c'est un pays ami, nous voulons en faire un pays frère et c'est ce qui est en train de se faire», a-t-il affirmé en substance. Reconnaissant l'existence de «divergences» et de «fracas» entre les deux pays, M. Kouchner a plaidé pour le rapprochement : «Maintenant, construisons ensemble.» Dans ce sens, il a révélé que son pays compte initier en Algérie «un certain nombre de grands travaux et projets structurants nécessitant de grands investissements», soulignant au passage que la France, qui prendra la présidence de l'Union européenne à partir de juillet prochain, «va offrir des projets européens au profit de la rive sud de la Méditerranée, du Maghreb et de l'Afrique». «Vous ne serez pas déçus», a-t-il ajouté. Toutefois, le chef de la diplomatie française a indiqué que son pays n'a nullement l'intention de reconnaître les crimes commis en Algérie durant les 132 ans de colonisation : «Le temps n'est ni à la repentance ni à l'acrimonie (…) Il ne faut offenser personne. Certains sont capables de l'entendre, d'autres non. Laissez le temps offrir son temps, non pas du pardon, mais du passé. Ni pour les uns ni pour les autres, le pardon est un mot qui s'impose.» Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a mis l'accent sur la volonté des Présidents Abdelaziz Bouteflika et Nicolas Sarkozy d'aller de l'avant pour améliorer la coopération économique, notamment. Ceci même si le «passé ne peut être effacé», a-t-il précisé. Parlant des discussions qu'il a eues avec son homologue français, M. Medelci a déclaré : «Nous avons revisité l'ensemble de nos relations sans exclusion aucune et de manière extrêmement franche (…) Nous avons reconnu qu'il y a encore des efforts à faire, mais avec les moyens dont nous disposons aujourd'hui et la volonté politique, les conditions sont réunies pour faire de cette relation une relation stratégique.» «L'idéal, c'est qu'il n'y ait pas de visas» l Outre la coopération économique entre les deux pays, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a affirmé avoir discuté avec son homologue français du projet d'union méditerranéenne proposé par le président Nicolas Sarkozy, de la convention culturelle scientifique et technique. Mais, aussi et surtout, de la question de la circulation des personnes. A ce propos, il a relevé l'existence d'une contradiction entre la mondialisation des marchés et des capitaux, et les restrictions en matière de circulation des personnes. Il faut «simplifier les procédures» d'octroi de visas, a-t-il suggéré. Et de poursuivre : «Nous ne cherchons pas l'idéal, car l'idéal serait qu'il n'y ait pas du tout de visas, mais au moins de revenir à la situation de 1989 lorsque plus d'un million d'Algériens visitaient la France. Ce chiffre est beaucoup plus réduit aujourd'hui alors qu'on s'attendait à ce que le développement des relations et la mondialisation rendent plus fluide la circulation des personnes.» En ce qui concerne l'Algérie, M. Medelci a annoncé la facilitation des procédures d'octroi de visa pour les citoyens français, notamment en termes de durée de séjour «aux hommes d'affaires comme aux autres».