Tout juste sortie de récession, la zone euro semble s'engager sur la voie de la reprise avec une activité du secteur privé qui s'est établie en août au plus haut depuis deux ans, selon une enquête publiée cette semaine et très surveillée par les marchés financiers. L'indice PMI composite s'est hissé en août à 51,7 points contre 50,5 en juillet, selon une première estimation établie par le cabinet Markit et fondée sur 85% du nombre habituel de réponses à cette enquête. C'est mieux que prévu sachant que les analystes tablaient sur un PMI à 51 points. "Même si cette estimation n'est fondée que sur un petit échantillon, elle confirme le rebond de l'activité entamée au printemps", souligne Jean-Luc Proutat, analyste pour BNP Paribas, alors que la zone euro a renoué avec la croissance au printemps, selon des données officielles publiées la semaine dernière, son PIB ayant progressé de 0,3% d'avril à juin. "Si cette tendance se confirme, la zone euro devrait connaître, au troisième trimestre, sa plus forte croissance économique depuis le printemps 2011", renchérit Chris Williamson, économiste chez Markit. "La conjoncture économique qui se dégage des dernières données PMI est conforme aux prévisions des banques centrales et responsables politiques qui tablaient sur un modeste, mais fragile, retour à la croissance" dans la seconde partie de l'année, poursuit-il. La zone euro devrait rester en récession toute l'année 2013, avec un PIB se contractant d'environ 0,5% selon les analystes, mais elle devrait voir le ciel s'éclaircir au second semestre avant de renouer pleinement avec la croissance en 2014, selon la plupart des prévisions économiques. Le rebond de la zone euro devrait en toute logique être tiré par la locomotive allemande, qui a vu en août son activité privée afficher sa plus forte croissance depuis janvier (PMI à 53,4 points), soutenu par un raffermissement de la demande intérieure et par la hausse des ventes à l'export. La reprise devrait aussi prendre forme dans les pays les plus fragiles de la zone euro, ceux de la "périphérie", souligne-t-on chez Markit, même si les données ne seront disponibles qu'en septembre. Malgré ces signes encourageants, reste une ombre au tableau: la situation de la France, la deuxième économie de la zone euro. L'activité privée, qui semblait se rétablir, est repartie à la baisse avec un PMI qui est retombé à 47,9 points, faisant craindre que le bond du PIB français au deuxième trimestre (+0,5%) ne soit qu'un "feu de paille", avance Jonathan Loynes de Capital Economics. C'est également un rappel que "les risques de rechute existent", souligne Johannes Gareis, de Natixis, alors que les analystes tablent à l'unisson sur une reprise lente et inégale. "Malgré le ralentissement du rythme de réduction des déficits, la politique budgétaire restera un frein à la croissance, en particulier dans les pays les plus fragiles", souligne Martin Van Vliet d'ING. "Le niveau du chômage (qui évolue à un niveau record et touche de plein fouet les jeunes, ndlr), les difficultés des marchés du logement et la faiblesse des conditions de crédit pèseront encore sur la demande intérieure dans de nombreux pays de la zone euro", souligne l'analyste. Une reprise durable est "à portée de main", avait estimé il y a une semaine le commissaire européen en charge des Affaires économiques, Olli Rehn, mais il avait invité la zone euro à ne surtout pas relâcher ses efforts et à "maintenir le rythme" des réformes économiques.