Le tassement des exportations horlogères suisses en avril n'entame pas l'optimisme de Swatch Group. Le numéro un mondial de l'horlogerie est prêt à surmonter le renchérissement du franc et la bataille autour de la montre connectée. Le recul de 0,8% à 1,82 milliard de francs des exportations horlogères en avril n'affecte pas le groupe. Le résultat cumulé des sorties suisses depuis janvier reste lui positif (+2,1% à 6,94 milliards). "Je prends cela comme un signal que la consommation dans le monde est excellente et que les produits de l'horlogerie suisse sont recherchés", a déclaré jeudi le directeur général Nick Hayek. La seule difficulté vient des taux de change, a-t-il relevé devant quelque 3 500 actionnaires réunis en assemblée générale au Vélodrome de Granges (SO). En ce qui concerne la force du franc, Swatch Group espère que la situation va s'améliorer au second semestre.
Difficile à long terme Nayla Hayek, présidente du conseil d'administration de Swatch Group, a elle aussi critiqué la surévaluation du franc. Mais "nous avons tous, au cours de toutes ces années, connu des variations de cours des changes et nous les avons digérées", a-t-elle remarqué. A chaque fois, le groupe a tiré le meilleur parti. Ce contexte difficile fait toutefois du tort, à moyen terme et à long terme, à la grande majorité de l'économie suisse, a ajouté la présidente, citant des propos de son père Nicolas Hayek en 1995. Nayla Hayek a également confirmé la volonté de Swatch Group de se maintenir en Suisse. "Délocaliser à l'étranger est pour nous une expression inepte". L'an dernier, le groupe a créé 770 emplois en Suisse, a-t-elle rappelé. "C'est ici en Suisse que nous voulons être implantés et produire pour l'avenir". L'année passée, Swatch Group a dégagé un bénéfice net de 1,42 milliard de francs, en baisse de 26,6% sur un an. Le chiffre d'affaires s'est accru de 3% à 8,7 milliards de francs, un nouveau record, selon le groupe. Le numéro un de l'horlogerie ne publie pas les résultats de chacune de ses marques, ce qu'un actionnaire aurait voulu voir changer. Une telle pratique dévoilerait à nos concurrents des détails sur lesquels on ne souhaite pas s'étendre, a expliqué Nick Hayek.
Nouvelle montre en août Face aux attentes liées à la montre connectée, Nick Hayek a précisé que Swatch Group va lancer cet été sa nouvelle montre à la technologie NFC (Near Field Communication-Technologie). Elle permettra d'effectuer des paiements comme avec une carte de crédit, sans source d'énergie. Son lancement se fera en Suisse et "dans un grand pays", a-t-il indiqué sans préciser toutefois le nom de ce pays. En août, suivra la montre connectée à écran tactile, Swatch Touch Zero One, destinée notamment aux sportifs.
Votes incontestés Tous les points à l'ordre du jour ont été acceptés à une forte majorité, à main levée comme le veut la tradition du groupe. L'usage du vote électronique, que le groupe d'actionnaires Actares souhaite voir introduire, n'est pas prévu mais n'est pas exclu, a expliqué Nayla Hayek devant un public acquis à sa cause. "Même si les résultats ne font pas de doute, il serait fort intéressant de connaître la proportion de voix discordantes", estime Actares. Un vote sur le rapport sur les rémunérations, comme exigé là aussi par Actares, n'est pas nécessaire, a estimé Nayla Hayek. "Il y a déjà tellement de votes qu'il n'est pas utile d'en rajouter", selon elle. La présidente ne s'est d'ailleurs pas empêchée d'envoyer une fois de plus des piques envers les contraintes de l'initiative Minder votée par le peuple suisse. L'ordonnance oblige les actionnaires à voter un tel nombre de fois, qu'elle a dû raccourcir son discours d'ouverture pour gagner du temps, a-t-elle dit. La durée de l'assemblée générale de cette année lui a donné raison, près de trois heures de débats au lieu des deux heures agendées. D'ailleurs, la montre offerte cette année aux actionnaires est une Swatch disposant d'un dérouloir (Rölleli), une référence au temps perdu imposé par le texte de loi.