La ministre déléguée chargée de la Réforme financière, Mme Fatiha Mentouri, a expliqué la décision portant sur le report de la privatisation du Crédit populaire d'Algérie, par l'attente d'une "meilleure visibilité sur les marchés financiers internationaux" induite par "l'impact non encore évalué de la crise des crédits hypothécaires". Pour Mme Mentouri, la crise des "subprimes" est la seule cause de cette décision. Une crise, qui a poussé trois banques parmi les six en lice pour cette privatisation, à se retirer ou bien à prendre du recul momentanément. Tout en soulignant la prudence de l'Etat, elle dira que la privatisation de cette banque dans les circonstances actuelles rapportera moins que le prix du marché, ce qui constitue une perte. Elle a également tenu à affirmer que cette décision est souveraine et n'a pas été imposée. Elle a précisé que cette décision n'aura aucun effet sur le processus de la privatisation tout en ajoutant qu'elle n'a également rien à voir ni avec des craintes vis-à-vis du marché algérien ni avec un arrêt du processus de privatisation des banques publiques, mais qu'il s'agit simplement d'un report en attendant une visibilité assurante concernant la crise financière, sans donner une date précise pour reprendre l'opération. Dans un point de presse qu'elle a tenu hier au siège de ministère des Finances , Mme Mentouri a réaffirmé que c'est dans le strict respect des règles de transparence , qu'un avis d'appel d'offres international a été lancé , ciblant la participation de grandes banques de standing international. Dans ce cadre , elle a rappelé les critères élevés pour la sélection du partenaire stratégiques en fixant les conditions de pré qualification , notamment, un niveau de fonds propre d'au moins 3 milliards d'euros, un réseau d'au moins 400 agences dans un même pays, un rating d'au moins A3 par Moody's et au moins A- par Standard & Poors. Ces conditions ont pour objectif de tirer pleinement profit de la concurrence. Le processus de pré-qualification a abouti à une première sélection de 6 banques, en novembre 2006 , notamment, le Crédit Agricole (France), Citibank(USA), Société générale ( France), BNP Paribas (France), Banques populaires (France), Santander (Espagne). Ces six banques devaient soumettre au bout du processus de sélection des offres financières et techniques pour l'acquisition de 51 % du capital du CPA. Parmi ces banques, trois se sont retirées de l'opération de privatisation du CPA. A commencer par la banque Santander, qui, dès le mois de mai dernier s'est engagée dans une vaste opération de rachat d'une grande banque internationale en Europe. La banque espagnole a renoncé au CPA tout en déclarant, selon la ministre, que "son intérêt demeurait entier" pour la banque algérienne. Il serait utile de noter que Santander s'est retirée avant la crise financière internationale. Elle a noté que le coût des trois phases de cette opération est de quelques milliers de dollars. Par ailleurs , la Citybank a annoncé son retrait de l'opération le 21 novembre 2007, une décision expliqué par Mme Mentouri par le contexte des turbulences qui ont affecté les marchés des titres hypothécaires dans de nombreux pays et qui ont eu de sévères incidences sur les grands groupes bancaires internationaux , en particulier américains, une situation qui a amené la Citybank à engager un processus de restructuration de son management au plus haut niveau. A ce titre, elle a indiqué que ce processus est toujours en cours et ne lui permet pas de prendre de décision stratégique et engageante à long terme. Un délai supplémentaire a été offert à cette banque le 15 octobre sans aboutissement. Et enfin le 23 novembre, le Crédit agricole a exprimé le souhait de voir reportée la date de présentation des offres. Selon Mme Mentouri , les premières estimations des pertes induites par cette crise est de 400 à 500 milliards de dollars et le résultat imputé par la banque la plus exposée en Amérique est de 5 à 7 milliards de dollars. La décision de surseoir à l'opération d'ouverture du capital du CPA reste sans délai déterminé en attendant la réunion de meilleures conditions de visibilité , notamment sur les marchés financiers internationaux permettant "l'élargissement de la base des investisseurs potentiels à même d'assurer la réalisation des objectifs à cette opération". Par ailleurs, la ministre a affirmé qu'il n'est pas question d'engager une nouvelle procédure en précisant pour ce qui est de l'élargissement de l'éventail des investisseurs "je ne fais pas allusion à Santander et Citybank", a-t-elle dit en soulignant que ces banques ont pris seulement du recul et elles vont revenir. Interrogée sur l'impact de cette crise sur les réserves de change, elle a précisé qu'il n' y a aucun impact négatif sur ces réserves en soulignant que la Banque centrale mène cette gestion avec une grande prudence . Pour sa part, le P-DG du CPA, M Mohamed Djellab, a tenu à souligner qu'il fait partie du comité chargé de ladite opération et qu'il a participé à cette décision.