L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait reconduire son plafond de production vendredi, lors de sa réunion ministérielle à Vienne, afin de protéger ses parts de marché, une stratégie qui semble déjà porter ses fruits selon l'Arabie saoudite, chef de file du cartel. Interrogé lundi à son arrivée à Vienne pour savoir si la stratégie de l'Opep défendue par l'Arabie saoudite fonctionne bien, Ali al-Naimi, le ministre saoudien du Pétrole a affirmé : la réponse est oui (...) La demande augmente. L'offre ralentit. C'est un fait. Le marché se stabilise. Vous pouvez voir que je ne suis pas stressé, que je suis heureux, a-t-il ajouté. Près de six mois après l'une des décisions les plus commentées de l'Opep - le cartel n'avait pas baissé son quota en novembre dernier et avait ainsi porté un sévère coup aux cours du pétrole déjà fragilisés- la plupart des analystes s'accordent à dire que l'organisation ne devrait pas changer d'un iota sa tactique. Mais attention cependant, si une reconduction des quotas de production à 30 millions de barils par jour (mbj) semble certaine, la réunion n'en sera pas pour autant moins suivie, a prévenu Myrto Sokou, analyste chez Sucden. Les investisseurs prêteront une oreille attentive à tout changement de ton et commentaires des ministres du cartel sur les perspectives de marché. Lorsque l'Opep a décidé de ne pas changer son objectif il y a six mois, la stratégie de l'Arabie saoudite était de modérer la croissance effrénée de la production hors-Opep et de stimuler la demande grâce aux prix moins élevés, ont expliqué les analystes de Barclays. Les cours du pétrole ont perdu près de la moitié de leur valeur depuis leur pic au mois de juin 2014, lorsque le baril de Brent s'échangeait autour de 115 dollars et le baril de WTI à presque 108 dollars. Pour le moment, la décision du cartel semble fonctionner. Face à la baisse des prix, les grandes sociétés pétrolières ont réduit dépenses d'investissement et budgets d'exploration. La production américaine qui avait explosé grâce au boom du pétrole de schiste et a souvent été citée comme la cible du cartel a commencé à ralentir, même si les réserves de brut aux Etats-Unis demeurent à des niveaux records. La réussite de leur stratégie aidant, rien ne semble suggérer que les membres du cartel et leur chef de file, l'Arabie saoudite, soient prêts à réduire leur offre pour relancer les cours - même si Ryad n'est pas épargné par la chute des cours, avec une baisse de 49 milliards de dollars des réserves totales du pays en devises étrangères lors des quatre premiers mois de l'année, d'après le cabinet saoudien de consultants Jadwa Research. Au contraire, la production de l'Opep augmente, progressant même de 160 000 barils par jour en avril dernier, à 31,21 mbj, un maximum depuis le mois de septembre 2012, selon des chiffres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), portée par l'offre saoudienne, irakienne et iranienne.
Désaccords au sein du cartel Tous les membres du cartel n'appuient pas la décision cependant et le Venezuela, la Libye et l'Algérie souhaitent toujours une baisse des quotas. La chute des cours du pétrole pèse lourdement sur les recettes budgétaires de ces pays. Le Venezuela a ainsi perdu 50% de ses revenus. Certains pays actuellement à court d'argent comme la Libye et le Venezuela voudraient voir l'Opep réduire son plafond pour faire grimper les prix, a expliqué Richard Mallinson, analyste chez Energy Aspects qui souligne toutefois que ces membres ne sont pas prêts à diminuer leur propre production. Des discussions ont par ailleurs eu lieu entre des pays de l'Opep et hors Opep, comme la Russie et le Mexique, afin de tenter d'alléger le fardeau des coupes qui reposerait sur le cartel seul. Mais la volonté des pays hors Opep est au mieux tiède, ont constaté les analystes de JBC Energy. L'Arabie saoudite n'est donc pas prête à concéder une réduction de production si les autres membres, et d'autres pays hors Opep, ne font pas un effort. Et le passif du Venezuela vis-à-vis du non-respect de ses quotas a tendance à décrédibiliser la position du pays pour une baisse des plafonds, selon Seth Kleinman de Citi.
Le ministre saoudien affirme que la stratégie fonctionne La stratégie de l'Opep de ne pas réduire sa production afin de maintenir sa part de marché fonctionne, a affirmé lundi le ministre saoudien du Pétrole à son arrivée à Vienne où l'Organisation des pays exportateurs de pétrole tiendra vendredi sa réunion ministérielle. Interrogé pour savoir si la stratégie de l'Opep défendue par l'Arabie saoudite fonctionne bien, Ali al-Naimi a affirmé devant des journalistes: la réponse est oui. La demande augmente. L'offre ralentit. C'est un fait. Le marché se stabilise. Vous pouvez voir que je ne suis pas stressé, que je suis heureux, a ajouté le ministre saoudien. Le ministre saoudien du Pétrole s'est refusé à tout pronostic concernant le résultat à attendre de la réunion de vendredi: Nous nous sommes pas encore rencontrés (...) Je souhaite discuter avec tout le monde, a-t-il simplement déclaré.