Les cours du pétrole ont baissé vendredi à New York, dans un marché toujours déprimé par la surabondance de l'offre et ne parvenant pas à se réjouir d'une nouvelle baisse du nombre de puits actifs aux Etats-Unis. Le prix du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juillet a cédé 81 cents à 59,96 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), repassant en fin de séance sous le seuil des 60 dollars qu'il avait franchi à la hausse mardi. A Londres le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a fini la journée à 63,87 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,24 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Les données fondamentales du marché n'ont pas changé et elles poussent à la baisse, a souligné James Williams, chez WTRG Economic. En particulier aux Etats-Unis, nous avons toujours 80 millions de barils de brut dont nous ne savons que faire, a-t-il dit, alors même que les stocks ont reculé bien plus que prévu la semaine dernière, ce qui avait permis aux cours de remonter en milieu de semaine. Dans ce contexte de surabondance, le marché ne semble plus prêter grande attention au décompte hebdomadaire des puits de pétrole en activité aux Etats-Unis fourni par la société de service Baker Hughes. Il a révélé vendredi qu'il y en avait 7 de moins que la semaine dernière. Toutefois, le fait que plus de 60% des puits actifs en octobre aient fermé depuis lors n'a pas empêché la production américaine de toucher un nouveau sommet durant la semaine achevée le 5 juin, selon les derniers chiffres du ministère de l'Energie (DoE) parus mercredi. Depuis lors, entre un rapport de l'AIE, qui a rehaussé jeudi ses prévisions d'offre, et celui de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui avait montré la veille une hausse de la production ce mois-ci, les nouvelles sont sans relâche pour confirmer la surabondance globale du marché, a souligné John Kilduff, chez Again Capital. Chez Citi, Tim Evans a noté en outre que le marché du pétrole était victime d'une attitude générale de réduction de l'exposition au risque adoptée par les investisseurs, liée selon lui aux incertitudes sur la crise de la dette grecque. Et ni le nouveau reflux du dollar, qui aurait dû favoriser les achats puisque le brut se négocie en billets verts, ni les indications d'un bon niveau de la demande ne sont parvenus à contrer la tendance à la baisse. Globalement, le marché reste depuis un mois environ dans des marges étroites, a remarqué pour sa part Matt Smith, chez Clipper Data: dès qu'il se rapproche de 58 dollars à la baisse, ou de 62 dollars à la hausse, il a tendance à repartir dans l'autre sens, a-t-il remarqué. M. Smith a également fait état de rumeurs durant la nuit d'une hausse à venir de la production saoudienne, pour répondre à une reprise de la demande, qui sont venues accentuer la tendance baissière du marché. M. Kilduff a relevé de son côté que, même si la demande se tient assez bien, notamment aux Etats-Unis, cela ne suffit pas à rassurer le marché vu l'énormité des stocks mondiaux. Les consommateurs (américains) réagissent aux prix bas à la pompe et prennent la voiture, et le niveau élevé de l'emploi y contribue, mais la dynamique continue de l'offre continue à grignoter cet avantage, a-t-il dit. Les prix du pétrole n'ont pas réussi à capitaliser sur le fait que l'AIE a révisé ses prévisions sur la demande significativement à la hausse, ont noté pour leur part les analystes de Commerzbank. La demande de pétrole dans le monde devrait croître de 1,4 million de barils par jour (mbj) en 2015 - contre 1,1 mbj estimés le mois dernier - à 94 mbj, portée par la reprise économique mondiale, la baisse des prix du pétrole et un hiver plus froid que l'an dernier, selon l'agence. En Asie, les cours du pétrole étaient en baisse dans les échanges matinaux,en raison du renforcement du dollar et d'un rapport mitigé de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet cédait 22 cents, à 60,55 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance reculait de 16 cents, à 64,95 dollars. Les prix de l'or noir sont "baissiers après le renforcement du dollar face à l'euro, sur fond d'inquiétudes face à la dette grecque", a commenté la United Overseas Bank de Singapour. Le renforcement du billet vert rend plus cher le baril de brut, qui est libellé en dollars, pour les acheteurs munis d'autres devises. Les cours étaient également sous pression car l'AIE a estimé que la situation de surabondance persistait même si les prix sont soutenus par des déséquilibres temporaires dans le secteur du raffinage. Après avoir chuté de 60% entre juillet 2014 et début 2015, les cours du brut ont rebondi en mars et avril, encouragés par la réduction du nombre de forages et l'arrêt de la hausse des stocks aux Etats-Unis. Depuis quelques semaines, ils se sont stabilisés autour de 60 dollars pour le baril de WTI (référence aux Etats-Unis) et de 65 dollars le baril pour le Brent de la mer du Nord. "Les déséquilibres sur le marché des produits raffinés sont probablement un des facteurs clés de la récente solidité des prix du pétrole, et cette source de soutien pourrait bien disparaître bientôt", a estimé l'agence.
L'OPEP demeure optimiste L'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) a réitéré sa conviction que la demande de pétrole augmentera cette année, mais a mis en garde contre le fait qu'une offre trop forte serait susceptible de plafonner le prix du baril. L'OPEP a confirmé sa prévision d'une demande totale en 2015 s'établissant à 92,5 millions de barils par jour, soit 1,18 million de barils par jour de plus qu'en 2014. La consommation de pétrole devrait augmenter au cours du deuxième semestre grâce à une reprise économique globale, selon le bulletin mensuel de l'OPEP qui paraît en juin. La publication de l'Opep a souligné que le prix du baril a dépassé les 60 dollars en mai, un plus haut cette année, en raison d'une demande plus forte et d'autres facteurs tels que "des troubles géopolitiques". Toujours selon le bulletin de l'OPEP, "les fondamentaux montrent globalement que le marché reste bien approvisionné, ce qui entraîne le plafonnement du prix du baril". Les prix du pétrole avaient baissé de 60% entre juin et janvier derniers lorsqu'il est tombé à 45 dollars le baril. Cette baisse était partiellement due à une surabondance de l'offre provoquée par l'essor de l'exploitation du pétrole de schiste. Lors de sa dernière réunion à Vienne, l'OPEP a maintenu son plafond de production à 30 millions de barils jours dans le but de défendre sa part de marché et de mettre la pression sur les producteurs de gaz de schiste qui ont besoin d'un baril plus cher pour que leur production soit rentable. Dans son bulletin, l'OPEP relève en substance qu'un prix du baril durablement bas pourrait "créer de sérieuses complications pour les sociétés dépendant de la fracturation hydraulique". Selon la publication enfin, le prix prévu à la fin de l'année pour le baril de Brent est de 60 dollars.