La prochaine visite d'Etat en Algérie du président français, Nicolas Sarkozy, les investissements français, et le projet d'Union méditerranéenne, entre autres thèmes, ont fait l'objet d'un entretien accordé, samedi soir, par le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, à la chaîne de télévision France 24. En effet, selon le ministre des Affaires étrangères, la visite d'Etat qu'effectuera le président français, Nicolas Sarkozy en Algérie "s'inscrit dans une triple conjoncture, française, algérienne et internationale, tout à fait remarquable". Il a précisé que sur le plan français, il s'agit d'un "contexte rénové" de la situation avec un nouveau président, et qu'en Algérie, il y a "une situation tout à fait nouvelle, faite de stabilité politique, économique et financière". Le ministre a ajouté que la situation algérienne est "faite de lisibilité des politiques de l'Algérie dans le cadre de son développement, en général, et dans le cadre de ses relations internationales, en particulier". "Le contexte international est marqué par des évènements de longue portée", a-t-il poursuivi, citant le cas du Moyen-Orient avec notamment la conférence d'Annapolis, et la scène africaine avec la prochaine conférence UA UE de Lisbonne. "L'ensemble des données font que cette visite d'Etat va incontestablement permettre aux deux présidents non seulement de faire une évaluation tout à fait objective et sereine des relations entre les deux pays, mais également de procéder, dans certains cas, à des refondations, des confortements de cette relation au triple plan politique, économique et social", a souligné le chef de la diplomatie algérienne, rappelant que l'Algérie entretient avec la France des "relations très importantes, économiquement lourdes et culturellement consistantes". Sur le plan international, les deux présidents vont aussi, selon Medelci, "échanger des points de vue sur des questions importantes", notamment sur la scène africaine, méditerranéenne et arabe. A une question sur les investissements français en Algérie, M. Medelci a relevé que "les Algériens observent aujourd'hui une sorte de contradiction entre, d'une part, un développement du commerce avec les pays européens, singulièrement avec la France, extrêmement important, et par ailleurs un développement qui n'est pas tout à fait équivalent au corollaire des investissements de la part des Européens et de la part des Français". Citant les cas des secteurs de l'industrie automobile et de l'industrie pharmaceutique, il a noté que dans ces deux filières, entre autres, "il n'y a pas de relation particulièrement claire entre le développement du commerce et celui des investissements". "En parallèle, nous observons que les partenaires avec lesquels nous n'avons pas d'échanges commerciaux, investissent beaucoup dans le pays ", a-t-il précisé, évoquant le cas de pays arabes qui "représentent en termes d'investissements autant, sinon plus, que l'ensemble des investissements européens en Algérie". Concernant le projet d'Union méditerranéenne, M. Medelci a réaffirmé que "l'Algérie n'a jamais émis de réserves". " Il s'agit d'un projet qui dans ses contours nécessitait qu'il soit précisé", a-t-il expliqué, mais que toutefois, depuis la dernière visite en Algérie de M. Sarkozy, en juillet dernier, "une grande partie des questionnements qui se posaient a pu faire l'objet d'échanges, de consultations ". Pour M. Medelci, "la France fait depuis quelques mois des efforts pour partager ce projet dans son contenu avec ses partenaires européens ". Il a ajouté que "nous constatons aujourd'hui que le regard qu'ils jettent (les Européens) a pu évoluer favorablement " mais " je ne suis pas sûr que l'effort soit tout à fait bouclé " et "nous espérons qu'au cours des prochaines semaines l'intention portée par le président Sarkozy soit une intention plus largement portée par l'ensemble des partenaires européens". A une question sur certaines polémiques évoquant la venue en Algérie de tel ou tel ancien pied-noir, M. Medelci a expliqué qu'"il faut dépasser l'évènement en lui-même qui d'ailleurs n'est pas un évènement exceptionnel" car le plus important, autour de la visite du président Sarkozy, "c'est que chacun d'entre nous évalue sa propre trajectoire, et voir en quoi, l'un et l'autre, pourrait faire avancer la relation entre les deux pays dans tous les segments, historique, politique, économique et social". Répondant, par ailleurs, à une question sur la reconnaissance officielle des crimes coloniaux, M. Medelci a rappelé que "ce n'est pas la France qui a demandé des excuses aux Allemands, ce sont les Allemands qui ont présenté des excuses". C'est en s'inspirant de ce "modèle", entre autres de par le monde, qu'il faudrait "que nous revenions sur le courant de l'histoire pour nous auto-évaluer, les uns , les autres"."L'enjeu c'est la mobilisation de toutes les forces économiques, financières, et humaines qui seront davantage et plus largement mobilisées si nous tournions définitivement une page de notre histoire commune".