Comme d'habitude, tout est fait pour le mieux pour la célébration du 70e anniversaire de la victoire contre le Japon durant la Seconde Guerre mondiale. Depuis 1945, la Chine fête la victoire le 3 septembre, soit le lendemain du jour où le Japon a signé l'acte de sa capitulation formelle. Cette célébration sera précédée des championnats mondiaux d'athlétisme. L'événement sportif est explicitement mis en rapport avec la solennité exceptionnelle du 70e anniversaire de la victoire. Ce qui est intéressant, en cette occurrence, c'est la signification politique que les autorités chinoises veulent donner à cette journée du 3 septembre. Jour de commémoration nationale Ce type de commémoration permet à Pékin, qui reproche à Tokyo de refuser d'admettre l'ampleur de ses crimes de guerre, d'associer ce contentieux historique aux différends territoriaux qui opposent depuis plusieurs mois les deux pays. Pékin et Tokyo se disputent en effet la souveraineté de territoires inhabités en mer de Chine orientale, les îles Senkaku, contrôlées par le Japon, mais revendiquées par la Chine sous l'appellation Diaoyu. Sur fond de regain de nationalisme dans les deux pays, Pékin a décrété en février dernier que le 3 septembre serait désormais un jour de commémoration nationale.
La Chine et le monde connectés Matériellement, tout est fait pour le mieux. On a rénové le dallage de l'avenue où se déroulera, devant la place Tian An men, le défilé militaire. À partir du 28 août, de nombreuses chaudières et usines fonctionnant au charbon seront arrêtées, à Pékin et dans les régions voisines, pour améliorer la qualité de l'air. Et dans le même but, les automobiles, dans la capitale, seront soumises à la circulation alternée. Par ailleurs, en plus des forces policières et militaires, 850.000 habitants sont mobilisés pour contribuer à la sécurité publique. Répartis dans les rues avoisinantes, dans les magasins et les marchés, ces bénévoles signaleront à la police tout fait leur paraissant comporter un risque pour la sécurité. D'autre part, pour la première fois dans une célébration de la victoire de 1945, des troupes étrangères ont été invitées à participer au défilé militaire "pour connecter l'histoire et l'avenir, ainsi que la Chine et le monde, et transmettre un message de paix et de développement", selon le chef du groupe de pilotage du défilé. Bien sûr, au premier rang des soldats invités figurent des soldats russes du régiment "Préobrajenski". C'est la réponse naturelle à l'invitation faite par les Russes aux Chinois pour participer au défilé du Kremlin le 9 mai dernier. "Pour la première fois dans une célébration de la victoire de 1945, des troupes étrangères ont été invitées à participer au défilé militaire "pour connecter l'histoire et l'avenir, ainsi que la Chine et le monde, et transmettre un message de paix et de développement" La garde d'honneur kazakh sera là aussi. Et les forces militaires d'autres pays de l'Organisation de coopération de Shanghai seront présentes. La Présidente de la Corée du Sud, Park Geun-hye, a décidé de se rendre à Pékin ce 3 septembre.
Voix japonaises discordantes Enfin, les autorités chinoises n'ont pas manqué de mettre en valeur la déclaration de l'empereur du Japon, Akihito, qui, à l'occasion de ce 70e anniversaire de la fin de la Deuxième guerre mondiale, a exprimé "ses profonds remords". C'est la première fois que l'empereur prononçait ces mots à l'occasion de l'anniversaire de la fin de la guerre. Ces paroles sont apparues en opposition avec celles du Premier ministre Shinzo Abe dans les mêmes circonstances, lequel, sans prononcer de quelconques excuses en son nom, avait insisté sur le fait que les générations futures du Japon n'étaient pas "prédestinées à s'excuser" pour les actes commis par leurs ancêtres.