Entreprises, représentations de services et commerciales, boutiques et restaurants japonais ont fermé, car pris pour cibles dans les villes chinoises... La situation sino-nippone est assez grave pour que le chef du Pentagone intervienne auprès des deux capitales pour éviter l'irréparable. Le secrétaire d'Etat à la défense américain Leon Panetta a rencontré ses homologues, alors que le conflit entre les deux pays n'arrête pas de gonfler, après que Tokyo a nationalisé un petit archipel sur lequel Pékin revendique l'autorité. De nombreuses manifestations ont lieu dans les deux pays, notamment en Chine où sont attaqués des investissements japonais. Après avoir appelé à la retenue à Tokyo, le secrétaire américain à la Défense devait délivrer ce message à Pékin mardi : "Notre objectif est que les Etats-Unis et la Chine établissent le plus important partenariat bilatéral du monde." Washington s'est apparemment résolu à admettre le fait chinois, essayant de trouver un modus vivendi avec ce qui est déjà la seconde puissance du monde. Le dialogue militaire américano-chinois avait été rompu par Pékin, lorsque les Etats-Unis avaient annoncé début 2010 un contrat d'armement de plus de 6 milliards de dollars avec Taïwan, première étape d'un redéploiement militaire américain dans le Pacifique autour de la Chine. Pékin a accusé Washington de renforcer sa présence en Asie-Pacifique. La nationalisation la semaine dernière par le gouvernement japonais du petit archipel de la mer de Chine orientale, appelé Senkaku par le Japon et Diaoyu par la Chine, n'aura été que la goutte qui fait déborder le vase. Et les autorités chinoises se sont d'autant plus engouffrées dans la brèche que leur système communisto-libéral a atteint ses limites. Le prochain congrès du parti communiste chinois, qui doit désigner le nouvel attelage politique, sera houleux et se prépare sur fond de crise sociale, les trois quarts des Chinois laissés sur le bas-côté par la modernisation capitalistique revendiquant avec violence leur part du nouveau paradis chinois. Le régime de Pékin n'a d'ailleurs pas lésiné dans l'exploitation de la provocation japonaise. Et comme par hasard, cette vague de manifestations anti-japonaises, "autorisées par le pouvoir communiste", coïncide avec l'anniversaire de "l'incident de Moukden" qui, le 18 septembre 1931, avait fourni le prétexte à l'invasion de la Mandchourie par le Japon, l'un des préludes à la Seconde Guerre mondiale. "Les Japonais dehors des Diaoyu !", "Boycottons les produits japonais !", "Allez la Chine !", peut-on lire sur les pancartes des manifestants arborant des portraits de Mao Tsé-toung, le fondateur de la République populaire de Chine, mort en 1976. Les manifestants portent des badges les identifiant comme des membres d'une organisation intitulée "Alliance patriotique des volontaires de Chine" et sont transportés par les autorités. Le conflit autour de la souveraineté des Diaoyu-Senkaku provoque en Chine des poussées de fièvre nationaliste récurrentes mais pas de cette ampleur. à ce stade, il est difficile de prévoir quelle sera la conséquence de cette crise dont l'arrêt de production de Canon et Panasonic installés en Chine affectera à moyen terme l'approvisionnent de leurs marchés dans le monde. Derrière la tension sino-japonaise, se profile la guerre commerciale notamment entre Washington et Pékin qui a rebondi sur l'automobile. D. B