Le paquet Climat et énergie de la Commission européenne, attendu pour le mois de janvier, devrait comprendre des mesures controversées de répartition des efforts de chaque Etat pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre et d'utilisation des énergies renouvelables. Ces mesures préciseront dans quelle mesure les 27 Etats membres doivent contribuer aux nouveaux objectifs contraignants de l'UE. La France pourrait, à l'occasion, s'opposer à ses partenaires européens au sujet du nucléaire. L'Hexagone défend, en effet, l'idée que l'énergie d'origine nucléaire serait la solution pour lutter contre le changement climatique et sécuriser l'approvisionnement énergétique de l'UE. Avec 58 réacteurs en activité et une production d'électricité à 80% d'origine nucléaire, la France a toujours été partisane de l'énergie nucléaire. La Commission européenne semble, pour sa part, de plus en plus considérer l'énergie nucléaire comme une source potentielle de production d'énergie sans carbone. Lors d'une conférence sur l'énergie à Madrid, le 1er octobre, le président de la Commission, José Manuel Barroso, le commissaire à l'Energie, Andris Piebalgs, et la commissaire à la Concurrence, Neelie Kroes, ont rompu avec la position traditionnellement neutre de la Commission en prenant position en faveur de l'énergie nucléaire. M. Barroso a affirmé que l'UE devait mener un débat "total et franc" sur le nucléaire, en le considérant comme l'une des solutions pour réduire les émissions de CO2. Dans une interview au journal espagnol El Pais, Andris Piebalgs a ajouté qu'un minimum de 30 % de l'électricité devait être produit grâce au nucléaire pour assurer la sécurité énergétique des pays de l'UE. Par ailleurs, le Forum européen biannuel sur l'énergie nucléaire qui s'est réuni pour la première fois à Bratislava les 26 et 27 novembre, s'est donné comme objectif d'étudier les possibilités et les risques associés à la relance du nucléaire comme source alternative d'énergie pour améliorer la sécurité des approvisionnements et lutter contre le réchauffement climatique. La France est donc de moins en moins isolée. Surtout que le soutien à l'énergie nucléaire semble aussi progresser parmi les Etats membres. Le rapport de force a notamment changé depuis l'élargissement de l'UE aux pays d'Europe centrale et orientale, qui possèdent, dans leur grande majorité, des centrales nucléaires et sont favorables au développement de l'énergie nucléaire. Des pays traditionnellement opposés au nucléaire ont récemment montré des signes susceptibles d'augurer un changement de position. Ainsi, les Pays-Bas ont choisi de prolonger les durées d'exploitation de leurs centrales nucléaires. En Suède, un référendum datant de 1980 a prévu l'abandon à long terme du nucléaire, mais dix réacteurs tournent toujours et leurs exploitants ont même récemment annoncé l'augmentation de leurs performances, ainsi que des programmes de modernisation. Alors que l'Espagne s'était aussi engagée dans une politique de sortie du nucléaire, le quotidien La Vanguardia a annoncé le 17 novembre que le gouvernement devrait adoucir sa position en annonçant notamment le maintien des huit centrales nucléaires existantes. Au Royaume-Uni, la rente gazière de la mer du Nord a longtemps permis d'éviter tout nouveau projet nucléaire, mais le sujet fait aussi désormais débat.