Le géant bâlois de l'agrochimie Syngenta se retrouve une fois de plus au centre de rumeurs de fusions. Après l'échec des négociations avec l'américain Monsanto, ce serait DuPont qui pourrait se lier au groupe suisse, selon la presse. Ces nouvelles perspectives d'union, à défaut d'être confirmées par les intéressés, faisaient vendredi la joie des investisseurs. Selon le quotidien "Wall Street Journal" de jeudi, citant des sources anonymes, le groupe agrochimiste américain DuPont et Syngenta ont entamé des discussions pour fusionner. Parallèlement, DuPont a également pris langue avec son compatriote Dow Chemical pour marier leurs engrais, pesticides et herbicides, ajoute le journal. DuPont a indiqué ne commenter ni les rumeurs ni les spéculations. Syngenta, n'a pas commenté l'article en question. Fin octobre, DuPont, dont la P-DG a démissionné à la surprise générale il y a quelques semaines, avait annoncé discuter avec des concurrents de l'avenir de ses activités agricoles, dans le cadre d'un plan de restructuration. Il avait promis des annonces d'ici la fin de l'année. Le coup d'arrêt subi par le leader mondial Monsanto dans ses activités ont fait bouger les fronts dans le secteur, selon des experts. La pression s'est accentuée sur les prix et les recettes ont chuté pour le maïs, le soja ou encore les céréales. La recherche et le développement coûtent cher. Les discussions ne seraient qu'à un stade précoce, selon le "Wall Street Journal". La Banque cantonale de Zurich (ZKB) prédit une consolidation du secteur et donne du crédit à l'article. Pour la ZKB, le départ d'Ellen Kullman, directrice générale (CEO) et présidente de DuPont, et celui de Michael Mack, CEO et administrateur de Syngenta, pourraient être liés à cette actualité. L'établissement cantonal parle de coup stratégique en cas de concrétisation de l'affaire. Il s'agirait d'une fusion entre égaux, affirme la ZKB. Une chose est claire pour les analystes de la banque: après la cour insistante de Monsanto, Syngenta a décidé de prendre les choses en mains. La collaboration avec DMS annoncée vendredi s'inscrit dans cette logique.
Chute des matières premières agricoles Une fusion entre DuPont et Syngenta pourrait atteindre "des proportions astronomiques", avance Bernstein dans un commentaire. La banque américaine perçoit toutefois des difficultés d'exécution pour une telle transaction. Le rapprochement donnerait naissance à un numéro un incontesté à l'échelle mondiale dans la protection des cultures et une position renforcée en tant que dauphin de Monsanto dans les semences. Bernstein n'exclut pas un rachat pur et simple de la division Agro d'un autre groupe américain, Dow Chemicals, par Syngenta. L'opération nécessiterait toutefois des trésors de persuasion de la part du conseil d'administration du groupe rhénan pour convaincre ses actionnaires de lever les fonds nécessaires. Ces grandes manœuvres interviennent dans un secteur agricole bousculé par la chute des prix des matières premières et le ralentissement de grandes économies émergentes comme le Brésil. DuPont a dévoilé fin octobre un bénéfice net en baisse de 46% à 235 millions de dollars au troisième trimestre. Les revenus du groupe ont reculé de 17% à 4,87 milliards de dollars, bien en dessous des anticipations du marché. Parallèlement à ces informations, Syngenta a annoncé vendredi vouloir développer avec le néerlandais DSM, spécialisé dans la santé, la nutrition et les matériaux, des solutions microbiennes pour l'agriculture. A la Bourse suisse, la nominative Syngenta a tenu le haut du pavé pendant toute la durée de la séance et a terminé la séance sur la première marche du podium des valeurs vedettes, avec une avancée de 4,1% à 351,80 francs suisse, alors que le SMI a reculé de 0,22%.