La hausse des prix au Brésil s'est accélérée en octobre, atteignant 9,93% sur les douze derniers mois, soit son niveau le plus élevé en douze ans, selon les chiffres officiels publiés. L'inflation repart ainsi à la hausse après le léger recul observé en septembre, à 9,49% sur douze mois. Cet indicateur atteint son niveau le plus élevé depuis novembre 2003, quand il s'établissait à 11,02%, selon l'Institut brésilien de la statistique (IBGE). Sur le seul mois d'octobre, l'indice des prix à la consommation (IPCA) a augmenté de 0,82%, après 0,54% en septembre. Depuis le début de l'année, l'indice accumule une hausse de 8,52%, plus forte progression sur cette période depuis 1996. Dans un contexte de récession pour la 7e économie mondiale, l'inflation a été accentuée en octobre par la montée des prix des combustibles de 6,09%. Les autres catégories de produits ayant eu un effet d'accélérateur sont les aliments et boissons (+0,77%) et le logement (+0,75%), selon l'IBGE. Le Brésil, première économie d'Amérique latine, lutte depuis près de cinq ans contre un ralentissement économique qui a tourné à la crise en 2015, le FMI tablant sur un recul du PIB de 3%. Le FMI comme l'OCDE prévoient que le pays continuera en récession en 2016. Si cela se confirmait, il s'agirait de la première fois depuis 1930-31 que le Brésil est en récession deux années de suite. En octobre, la Banque centrale a décidé de maintenir à 14,25% par an son taux d'intérêt directeur, dans un effort pour contenir l'inflation. Dans ce contexte économique difficile, avec un taux de chômage en hausse (7,6% en septembre) et une forte dépréciation du réal par rapport au dollar, le gouvernement prévoit de boucler 2015 sur un déficit budgétaire primaire (hors paiement des intérêts de la dette) supérieur à 0,9% du PIB.
Prévision de déficit primaire en hausse Le Brésil a ajouté plus de 15 milliards de dollars à sa prévision de déficit primaire (hors paiement des intérêts de la dette) en 2015, attendu jusque-là à 0,9% du PIB, en raison d'une série de retards polémiques dans les transferts de fonds à des organismes publics. La nouvelle prévision de déficit, en pourcentage du PIB, n'a pas été précisée. Une semaine après avoir abandonné l'idée de boucler 2015 sans déficit primaire, l'exécutif a décidé d'inclure, dans un document, ces transferts, dénommés "manœuvres budgétaires", a indiqué le député Hugo Leal qui a présenté un projet de loi pour modifier le résultat des comptes publics. Ces retards dans les transferts ont été la base du rejet des comptes de 2014 du gouvernement, accusé de les avoir maquillés pour améliorer le résultat final, une situation inédite depuis 1936. C'est également l'une des raisons avancées par l'opposition pour exiger l'ouverture d'une procédure de destitution à l'encontre de la présidente Dilma Rousseff. L'économie du géant émergent d'Amérique latine, septième économie mondiale, connaît une année noire marquée par une contraction du PIB qui devrait se situer autour de 3% en 2015 et une hausse de l'inflation qui se rapproche des 10%. La présidente de gauche Dilma Rousseff souffre en outre d'une grave crise politique, sur fond de vaste scandale de corruption autour du géant public Petrobras, et un sondage publié mardi a montré que son gouvernement ne bénéficie que d'un taux d'approbation de 8,8%. Dans ce contexte, le gouvernement éprouve de grandes difficultés à faire adopter par un Parlement paralysé et hostile un programme impopulaire de coupes budgétaires visant à rééquilibrer des comptes publics à la dérive. Mustapha S.