L'inflation en Chine a fortement reculé en octobre, pour le deuxième mois consécutif, tombant à son plus bas niveau depuis mai, selon des chiffres officiels publiés mercredi et confirmant l'essoufflement de la demande dans la deuxième économie mondiale. La hausse des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation, s'est établie le mois dernier à 1,3% sur un an, contre 1,6% en septembre et 2% en août, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS). C'est pire que la prévision médiane des analystes sondés par l'agence Bloomberg (+1,5%), et comme les mois précédents, l'inflation demeure très en-dessous du niveau-cible de 3% que s'est fixé le gouvernement pour l'ensemble de l'année. Le ralentissement de l'activité et le déclin prononcé des cours des matières premières pèsent toujours. La croissance économique chinoise a officiellement ralenti à 6,9% au troisième trimestre, sa pire performance trimestrielle depuis 2009, et devrait tomber pour l'ensemble de l'année au plus bas depuis un quart de siècle. Alors que l'inflation avait glissé en janvier sous le seuil de 1% pour la première fois en cinq ans, laissant planer le spectre d'une spirale déflationniste, elle était ensuite sensiblement remontée --mais depuis septembre, elle rechute à nouveau nettement. Les tensions déflationnistes sont considérées de mauvais augure, le recul continu des prix encourageant les consommateurs à retarder leurs achats et les entreprises, plongées dans l'incertitude, à repousser leurs investissements tout en cassant leurs tarifs. Les prix alimentaires, poids-lourd de l'indice, ont certes modéré le reflux général: ils se sont renchéris de 1,9% sur un an en octobre. Autre indicateur terne publié mardi par le BNS: l'indice qui mesure l'évolution des prix à la vente à la sortie d'usine (PPI) a reculé en octobre pour le 44e mois consécutif, plongeant de 5,9% sur un an --soit un recul de même ampleur qu'en septembre et août, un plus bas depuis six ans. Cet indice négatif depuis bientôt quatre ans rappelle les déboires de l'industrie chinoise, contrainte de sacrifier ses prix de vente face à une demande toujours morose. Le secteur manufacturier est en proie à de graves surcapacités et se contracte ces derniers mois, sur fond de baisse des exportations et d'une consommation intérieure atone. Pour tenter cependant de stimuler une activité économique à la peine, la banque centrale (PBOC) a abaissé à six reprises en l'espace d'un an ses taux d'intérêt, mais avec des résultats mitigés, et les autorités se sont récemment engagées à muscler ses mesures de relance budgétaire.